Les indépendants se sentent mal protégés face à la maladie

#3 Troisième et dernier volet du grand baromètre UCM du statut social : celui consacré aux indemnités. Les forfaits sont jugés insuffisants par 86% des indépendants.

Le grand Baromètre du Statut social des Indépendants, édition 2021, délivre comme chaque année son lot d’enseignements. A commencer cette année par celui-ci : la crise sanitaire et économique érode les certitudes des indépendantes et indépendants, comme expliqué dans La Libre du 20 décembre dernier. Cela se ressent dans les difficultés exprimées face aux charges de cotisations sociales et en ce qui concerne leur future pension. Mais aussi – et c’est l’objet aujourd’hui – face aux situations de maladie et d’interruption forcée.

Maladie : priorité à la progressivité des indemnités

Les indemnités en cas de maladie (indemnités de mutuelle) sont forfaitaires. Selon la composition du ménage, ces forfaits mensuels s’élèvent à 1.654,38 €, 1.317,42 € et 1 010,36 € respectivement si vous êtes chef de famille, isolé ou cohabitant.

Que nous apprend le Baromètre 2021 sur la problématique des montants ? Et sur l’objectif de maintenir le pouvoir d’achat en cas d’arrêt ?

  • Les indépendants (à hauteur de 66%) jugent que les forfaits actuels sont insuffisants face à l’arrêt-maladie même quand l’arrêt est d’un mois ou inférieur à un mois;
  • Lorsqu’il est question d’arrêt-maladie de plusieurs mois, 86% des indépendants jugent que les forfaits actuels sont insuffisants pour continuer à vivre correctement.

UCM a émis déjà en début de législature une série de recommandations. Nous inscrivons en haut de la liste de nos recommandations prioritaires l’examen d’un système progressif. Les forfaits doivent devenir des minimas. Et des indemnités doivent, par défaut, devenir proportionnelles aux revenus. C’est l’enjeu : mieux couvrir la perte de pouvoir d’achat dans les situations graves.

Une autre problématique toujours en matière d’indemnités de mutuelle, est la question de l’indemnisation des très courts arrêts de maladie. Désormais 52% des indépendants (contre 42% en 2019) jugent que la norme des « 8 jours minimum pour obtenir des indemnités » est trop longue. C’est là certainement un effet de la crise. Effet passager ? A vérifier.

Echec et faillite : pour un droit passerelle renforcé

Dans la même veine, les travailleurs indépendants mettent en question certains éléments de leur couverture droit passerelle, notamment les forfaits :

  • Les indépendants sont 59% à demander que les prestations soient davantage proportionnelles à la perte de revenus ;
  • Ils estiment à 52% que la durée maximale de 12 mois prévue pour le droit passerelle est insuffisante. Ils étaient 45% en 2019, avant la crise du coronavirus ;
  • Enfin, la demande est aussi (pour 57%) que les mécanismes de demande et d’octroi soient simplifiés.

UCM participe actuellement aux travaux du Comité général de gestion pour le Statut social sur le thème du droit passerelle. Nous portons une série d’améliorations structurelles, tant pour les situations classiques de cessations forcées que pour les cas d’interruption intervenant dans le cadre de la crise.

Attachement à leurs couvertures sociales

L’évolution dans les réponses par rapport à 2019 témoigne d’une importance nouvelle donnée par les indépendants et indépendantes d’être correctement protégés contre ces risques socio-économiques. 

A la lecture des trois volets « pensions », « cotisations » et « indemnités », le message est clair : « Ne dépensons, par priorité, que là où les risques socio-professionnels sont les plus élevés : montant de la pension, aménagement de la fin de carrière et proportionnalité des indemnités de remplacement. » Message reçu 5/5 !

L'auteur.e de cet article

Renaud FRANCART
La sécurité sociale des travailleurs indépendants reste un levier important pour développer l'entreprenariat. J'écris ici, avec le Service d'Etudes, pour défendre les intérêts des indépendants en matière de pensions, de droit passerelle, d'assurance maladie-invalidité,... N'hésitez pas à réagir et à commenter.
Renaud FRANCART

Renaud FRANCART

La sécurité sociale des travailleurs indépendants reste un levier important pour développer l'entreprenariat. J'écris ici, avec le Service d'Etudes, pour défendre les intérêts des indépendants en matière de pensions, de droit passerelle, d'assurance maladie-invalidité,... N'hésitez pas à réagir et à commenter.

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