Les coefficients qui minent les pensions des indépendants vont être supprimés. C’est au programme ! Historique et mérité ! Mais la vigilance reste de mise. Voici pourquoi.
Nous ne pouvons pas refaire ici l’historique déjà très long – depuis 2003 – des améliorations de la pension (minimum) des travailleurs indépendants, ni passer en revue les études et les actions que UCM a menées ces dernières années pour rendre encore leurs pensions plus équitables. Venons-en alors directement aux faits. Cette petite phrase, un brin technique, de l’accord de gouvernement doit être considérée comme une nouvelle victoire historique:
Dans le régime des indépendants, le coefficient de correction, utilisé pour le calcul des pension (ndlr, -31%), sera supprimé de façon à ce que les indépendants constituent une pension de la même manière que les salariés
page 15 de l’accord de gouvernement
L’étude publiée en 2018 par l’UCM a montré que :
- Pour 1 € de cotisation payé pour sa pension, un pensionné « moyen » reçoit en retour 2,6 € s’il était salarié, et 1,49 € s’il était indépendant.
- Là où la pension maximum se situe aux environs de 2.400 € pour les salariés, elle plafonne actuellement à +/- 1.600 € pour les indépendants.
- La grande majorité des travailleurs indépendants doivent se contenter de la pension minimum (ou d’une fraction ce celle-ci).
En cause : ce coefficient qui réduit d’un tiers les droits de pension des indépendants. IL SERA SUPPRIMÉ !
Cette victoire n’a pas de prix
Ce que nous voulons dire – et que ce soit clair -, cette victoire, cette augmentation de 31 % à terme de la pension « proportionnelle » (vs « minimale »), ne peut plus faire l’objet d’un troc, d’un « je te donne le coefficient, tu me donnes une augmentation de tes cotisations ».
En effet, les indépendants la payent déjà : ils vont continuer de verser les fameux € qui ne leur rapportent actuellement en moyenne qu’1,49 € en retour, et la correction fera que cela leur rapportera un montant similaire aux 2,60 € des salariés.
Volonté d’harmonisation des statuts : vigilance renforcée
La question des cotisations est, on le sait, centrale pour les indépendants. Ils font face à leurs charges sociales seuls. Et 20,5 % de leur revenus imposables constituent une charge très importante. Dès lors, certaines phrases de l’accord ne sont pas sans susciter quelques craintes :
Les statuts doivent converger » ou « il faut s’attaquer aux grandes différences entre les systèmes de sécurité sociale (système des salariés / système des indépendants)
page 14 de l’accord du gouvernement
UCM attend des clarifications sur le fait que ces passages ne vont pas à l’encontre des priorités des travailleurs indépendants. Ces priorités, les voici pour rappel :
- Pension. D’abord la suppression des coefficients. Aussi des minimas dignes pour tous. Check
- Droit passerelle. Il n’y pas de volonté du côté des indépendants de payer de cotisations pour disposer de droits de chômage. Il faudra au contraire continuer à développer le « droit passerelle », aussi pour cette période de crise Covid dont on ne voit pas la fin. Rien de clair dans l’accord
- Incapacité de travail. Important d’avoir une égalité de traitement en matière de périodes couvertes (dès la première semaine d’incapacité, telle que validé par le médecin sur le certificat). Important d’examiner comment octroyer des indemnités plus élevées et davantage proportionnelles à la perte de revenu en cas d’incapacité de moyenne et longue durée. Rien dans l’accord
- Une sécurité sociale durable, raisonnable et finançable, qui – pour les indépendants – s’attache à couvrir le plus largement tous les risques les plus graves sans alourdir encore les charges sociales. Au contraire, le taux principal de cotisations doit être rapidement abaissé à 20 %. Rien de clair non plus
UCM ajoutera aux attentes des indépendants : le respect
Le respect des équilibres spécifiques qui ont été trouvés année après année dans le développement par les indépendants de leur statut social solidaire et durable. UCM se met à la disposition du gouvernement pour encore et encore expliquer cette philosophie spécifique.
Dans l’attente des éclaircissements, nous conclurons en matière de statut social : une victoire majeure, pas mal d’oublis et une très grande vigilance.
L'auteur.e de cet article
- La sécurité sociale des travailleurs indépendants reste un levier important pour développer l'entreprenariat. J'écris ici, avec le Service d'Etudes, pour défendre les intérêts des indépendants en matière de pensions, de droit passerelle, d'assurance maladie-invalidité,... N'hésitez pas à réagir et à commenter.
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