Comment le gouvernement wallon compte-t-il financer ses mesures ? Cette question était au centre de notre rencontre avec le ministre des Finances et du Budget, Jean-Luc Crucke (MR).
Dans la déclaration de politique générale du gouvernement, on retrouve tout un catalogue de projets et de mesures qu’il souhaite faire aboutir au cours de cette législature. Bon nombre de nos revendications pour les entrepreneurs y sont reprises, notamment en matière de simplification administrative et du maillage des entreprises (BtoB wallon).
Mais nous n’avons pas caché notre inquiétude face au brouillard budgétaire qui entourait cet accord. Postposer le retour à l’équilibre du budget wallon à 2024 et prévoir des investissements à hauteur de 4 milliards d’euros sans créer de nouvelles taxes, c’est presque Noël avant l’heure. Et comme nous ne croyons plus au père Noël, nous nous interrogeons : pour financer sa politique, le gouvernement ne va-t-il pas augmenter des taxes existantes ? Ou supprimer des soutiens ?
Pour le ministre Jean-Luc Crucke, il n’est pas incompatible d’avoir une imposition peu élevée et une dette élevée.
« Il y a urgence à agir, notamment en matière climatique.
Ne pas investir maintenant, ne fera qu’en augmenter le coût demain pour les générations à venir. »
J-L Crucke
Par contre, il insiste sur la nécessité d’identifier ce que l’on va « dépérimétrer » du budget wallon soumis au contrôle de l’Union européenne (UE). Dit simplement, faire sortir d’indispensables investissements de relance économique du budget pour rester dans les critères européens de Maastricht (cfer ci-dessous).
Lors de cet échange avec le ministre Jean-Luc Crucke, notre président, Pierre-Frédéric Nyst, a rappelé notre volonté de collaborer pour une Wallonie PME friendly.
Ce qui passe, notamment par :
- Une fiscalité davantage incitatrice que sanctionnatrice.
- Une politique de la mobilité concertée entre les trois Régions et intégrant les différentes composantes de la mobilité (offre adaptée de transports en commun, parkings de dissuasion, …).
- Une politique d’investissements qui profite aux entrepreneurs wallons.
- Une adaptation des marchés publics aux réalités des PME.
- Une simplification de la procédure d’obtention du taux de succession de 0 % pour les PME.
La question budgétaire peut paraître secondaire face aux préoccupations quotidiennes des entrepreneurs. Et pourtant, elle est essentielle si on souhaite relever les défis tels que la transition énergétique, l’investissement pour les générations futures, le vieillissement de la population future.
Les « critères de Maastricht », késako?
Lors de la mise en place de la zone monétaire Euro, il a été convenu que les pays membres de cette zone ne devaient pas atteindre une dette trop élevée pour limiter les risques d’un dérèglement du modèle. En effet, une bonne santé financière des pays de la Zone permet de bénéficier de taux d’intérêt faibles et donc suscite la propension à l’endettement, ce qui pourrait, à terme, entraîner un surendettement des différents pays et engendrer une augmentation du taux d’intérêt.
Cette rigueur budgétaire a engendré une forte baisse de l’investissement public. C’est pourquoi, en 2015, la Commission européenne a assoupli les normes en permettant que certains investissements ne soient pas « impactants » dans le périmètre budgétaire. Cette limite est floue et donc prête à interprétation. Certains investissements publics wallons pourraient donc ne pas être pris en compte et ne pas « peser » sur la dette régionale.
L'auteur.e de cet article
- Chargée de Communication chez UCM depuis 2009 et aujourd'hui responsable de la communication politique. Je veille à mettre en lumière le travail et l'expertise des conseillers du service d'études, toujours au service des entreprises wallonnes et bruxelloises.