Nouvelle étape pour la LEZ à Bruxelles mais toujours pas d’alternatives crédibles

Ce lundi 17 juin 2024, Bruxelles-Environnement organisait une demi-journée consacrée à l’état des lieux de la LEZ (Low Emission Zone) et aux nouvelles mesures qui entreront en vigueur au 1er janvier 2025. A partir de cette date, une nouvelle étape sera en effet franchie avec l’interdiction de circuler en Région de Bruxelles-Capitale pour une série de nouveaux véhicules.

Sur base des nouveaux critères d’accès LEZ, pour pouvoir circuler à Bruxelles à partir de janvier 2025, les voitures et camionnettes devront être minimum :

  • Euro 6 pour les véhicules Diesel
  • Euro 3 pour les véhicules Essence/LPG/CNG.

Pour la première fois, à partir de cette même date, ces critères d’accès LEZ concerneront également les motos et camions.

Dans les chiffres, cela représente 11% des véhicules en circulation dans la LEZ. Parmi eux :

  • Diesel Euro 5 représentent 98%, les Essence Euro 2 représentent 2%
  • 79% sont des voitures (M1), 18% sont des camionnettes (N1) et 1,5% des camions (N2-3)
  • 3 véhicules sur 10 sont immatriculés à Bruxelles.

Pour amorcer cette transition, la Région a revu son dispositif légal en prévoyant, notamment, de nouvelles dérogations, des nouvelles règles concernant l’achat des daypass et l’enregistrement des véhicules ainsi que de nouvelles mesures d’accompagnement.

Et les professionnels dans tout ça ?

L’état des lieux ainsi dressé a bien entendu mis en avant les bienfaits de ces mesures LEZ sur la qualité de l’air en région bruxelloise et sur l’impact positif sur la santé (ce que nous saluons bien entendu) mais on regrette qu’aucune considération économique n’ait été prise en compte pour dresser ce bilan ni pour dégager les défis à venir. Or, avec l’entrée en vigueur de ces nouvelles règles, ils sont nombreux pour les professionnels.

Les indépendants et PME sont en effet particulièrement touchés et ce, depuis plusieurs années, par les crises économiques successives et ils n’ont pas les moyens de réaliser, dans les prochains mois, les investissements requis par ces nouvelles règles LEZ pour remplacer leur véhicule (qu’il s’agisse d’une voiture, camionnette ou encore moins d’un camion).

Des “mesurettes” d’accompagnement largement insuffisantes par rapport aux besoins

Pour les “aider” à transitionner, la Région bruxelloise a prévu des mesures d’accompagnement :

  • Une prime allant 5% à max 40% (moyennant respect de conditions strictes), plafonnée en toute hypothèse à 16.000 €, pour le remplacement (achat ou transformation retrofit) d’un utilitaire thermique par un utilitaire électrique
  • Une prime allant de 5% à 40% (moyennant respect de conditions strictes), plafonnée en toute hypothèse à 4.000 € pour le vélo-cargo et 2000 € pour la remarque-cargo, pour l’acquisition d’un vélo-cargo ou d’une remorque-cargo
  • Un réseau de facilitateurs pour aider à faire le bon choix.

Autant dire que c’est largement insuffisant pour réellement aider les PME et indépendants à faire face à ces nouvelles obligations qui leur sont imposées.

En effet, la prime plafonnée à 16.000 € ne permet pas de couvrir le coût particulièrement élevé lié au passage à l’électrique. On le sait, le coût des véhicules électriques est prohibitif, surtout lorsqu’il s’agit de remplacer une camionnette ou un camion. Couplé à cela, l’offre électrique dans ce segment particulier est à l’heure actuelle beaucoup trop restreinte.

La solution de se tourner vers des véhicules thermiques plus modernes et donc moins polluants pour remplacer des véhicules dorénavant exclus n’est pas envisagée par la région comme une alternative alors que cela pourrait être une vraie solution (certes temporaire). L’offre est en effet bien plus large dans ce segment. La Région en a toutefois décidé autrement puisque les primes financières sont réservées au tout électrique.

S’agissant des divers facilitateurs mis en place par la Région, si on s’accorde sur le bien-fondé en soi de la mise en place d’un tel service, il n’en reste pas moins que cela n’apporte aucune solution concrète au problème rencontré par les professionnels, à savoir le manque de moyens pour financer cette transition.

Eu égard à la situation budgétaire compliquée de la Région bruxelloise, nous plaidons donc pour une refonte des aides existantes afin de cibler davantage les entrepreneurs et indépendants dans leur démarche de transition. Comment ? D’une part, en supprimant l’aide vélo/remorque-cargo et les facilitateurs. D’autre part,en redistribuant les moyens financiers alloués à ces deux mesures pour augmenter sensiblement la prime pour l’achat/transformation d’un utilitaire électrique afin de la rendre plus en phase avec les réalités du marché de l’électrique.

Quant aux systèmes de dérogations, elles ciblent essentiellement le transport de personnes et le secteur de la construction.  Nous déplorons à cet égard que certains secteurs aient été complètement oubliés. On pense, notamment, au secteur du transport de combustibles et carburant, pourtant encore bien nécessaire à Bruxelles en janvier 2025.

Etat des lieux sous la loupe des professionnels

A l’heure de dresser notre état des lieux de la LEZ, nous sommes donc plus critiques.

Nous déplorons ainsi toujours l’absence d’alternative crédible et de plan d’accompagnement ciblé pour les PME et indépendants leur permettant de transitionner de manière responsable pour leur business.

Même si UCM soutient le principe de la LEZ et son objectif à terme d’amélioration de la qualité de l’air, et outre les mesures d’accompagnement citées ci-dessus, nous plaidons pour le report, d’une ou plusieurs années, de l’introduction de ces nouvelles mesures.

Ce report permettra de revoir le système des aides d’accompagnement et de ne pas obliger les PME et indépendants, qui essuient toujours les conséquences des récentes crises (énergétiques et économiques), à investir dans du matériel roulant pour lequel ils n’ont actuellement pas les réserves ni moyens, en remplacement de matériel bien souvent pas encore amorti. Cette demande de report doit être vue comme une mesure d’accompagnement des PME et indépendants.

Julie Lambotte

Julie Lambotte

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