Tous les trimestres, le service d’Études UCM interroge les indépendants et les chefs d’entreprise pour recueillir leur perception de l’activité économique ainsi que les difficultés auxquelles ils font face. Au total, plus de 920 indépendants et chefs d’entreprise ont répondu à notre enquête (niveau de confiance de 95%, marge d’erreur de 3%) entre le 11 et le 23 octobre dernier.
Les nouvelles ne sont pas bonnes. L’indicateur agrégé (qui mesure la confiance des indépendants et des chefs de PME) dégringole pour se rapprocher de son niveau enregistré lors du premier confinement. Non seulement sa chute est brutale, puisqu’il recule de 95,0 à 91,4 (-3,6) en un trimestre, mais quasiment toutes ses composantes montrent une évolution conjoncturelle négative. Et ce n’est pas fini !
État des lieux
La situation devient très préoccupante pour les indépendants et les PME francophones. Non seulement la majorité des indicateurs conjoncturels sont en baisse (depuis près d’un an), mais leur dégradation s’annonce encore plus marquée au cours des prochains mois. Autant dire que le moral est dans les chaussettes.
Que nous apprend cette étude ?
- La contraction du volume de l'activité se poursuit, dont la composante dans le baromètre UCM indique une chute de 5% en un an. Selon les chefs de PME, l’activité a reculé plus que la moyenne dans le Commerce (67%) et dans l’Horeca (66,2%) ;
- Les prévisions pour la fin d’année sont moroses. 29,6% des répondants déclaraient que leur activité reculerait au cours du 2e trimestre 2022. Cette part a spectaculairement bondi à 53,4% !! Les perspectives à court terme sont les plus pessimistes dans l’Horeca (70,4%), le Commerce (64,2%) et la Construction (59,1%) ;
- Les bénéfices/profits s’effondrent sous l’effet conjugué de la réduction volontaire et/ou contrainte de l’activité et de l’augmentation vertigineuse des prix de l’énergie et donc des coûts globaux. Il y a 3 mois, 62,3% des chefs de PME interrogés déclaraient que leurs bénéfices devraient diminuer. Cette proportion a fortement augmenté à 73,6% au 3T2022. Aujourd’hui, près de trois entrepreneurs sur quatre déclarent que cela devrait être encore le cas lors des 3 derniers mois de l’année. L’Horeca (86%), le Commerce (81%) et la Construction (75%) sont les secteurs où la part des chefs de PME déclarent un recul de leurs bénéfices plus important que la moyenne ;
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Un entrepreneur sur quatre (23,4%) déclare que l’emploi a reculé dans son entreprise lors du 3ème trimestre 2022. Et cela va se poursuivre à court terme. Près d’un sur trois (31,6%) prévoit de réduire le nombre de collaborateurs au 4ème trimestre 2022. Au cours de l’année 2022, l’indice santé lissé (qui sert de base à l’indexation des salaires et des allocations sociales) a déjà été dépassé cinq fois. Les PME sont prises dans un étau, déjà fragilisées par la crise du coronavirus depuis 2020 ;
- La situation de l’entreprise n’a jamais été aussi mauvaise. En effet, 40,4% de celles-ci déclaraient que la situation de leur entreprise était très insatisfaisante au 2e trimestre 2022. Trois mois plus tard, cette proportion est passée à 47,4%, soit près d’un répondant sur deux. Par conséquent, leur perception de la situation de l’économie en général est toute aussi pessimiste. L’Horeca et le Commerce sont les plus concernés. En effet, 62% des chefs d’entreprises de l’Horeca et 56,1% des commerçant estiment que la situation de leur entreprise est préoccupante.
De manière générale, le coût des matières premières (72,1% contre 37,6% en 2021), l’incertitude de l’environnement économique (70,9% contre 45,2% en 2021), le coût du travail (49,9% contre 33,3% en 2021), la pression fiscale (47% contre 40,6% en 2021) et les difficultés d’approvisionnement et de disponibilité des fournisseurs (33,7% contre 26,7% en 2021) constituent le « top 5 » des entraves à l’activité des indépendants et des chefs de PME wallons et bruxellois.
Dans ces circonstances, où l’incertitude plombe l’activité économique et assombrit les perspectives à court et à moyen terme, il est important que les gouvernements (fédéral et régionaux) entendent le désarroi et les difficultés des indépendants et des PME. Ils doivent également reconnaitre leur impuissance à agir seul face à l’ampleur de cette crise énergétique. Il faudra, plus que jamais, être créatif et, surtout, être très pragmatique.
C’est vrai, cela demande beaucoup de courage, mais il est urgent de trouver des solutions ! Nos entreprises sombrent ! Des efforts ont déjà été consentis, de part et d’autre, mais ces derniers restent insuffisants car les prix de l’énergie restent à un niveau anormalement élevé et les factures s’accumulent sans perspective d’éclaircie à court et à moyen terme.
Pour UCM, l’une des solutions est notre check-list. Elle est à la disposition d’Alexander De Croo, pour qu’il se l’approprie… et la concrétise. En votre nom.
Plus que jamais, les indépendants et les PME sont sous tension.
L'auteur.e de cet article
- Charlie TCHINDA
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Charlie Wesley TCHINDA TAMETSA
Statisticien – Coordinateur des Etudes
UCM National - Service d'Etudes
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