Traditionnellement, UCM interroge, tous les trois mois, les indépendants et chefs d’entreprise wallons et bruxellois pour connaître l’état d’esprit dans lequel ils exercent leurs activités. Sur base de plus de 450 répondants, le constat n’est guère positif !
La confiance des indépendants et chefs de PME francophones stagne
Chaque trimestre, UCM interroge les indépendants et chefs de PME wallons et bruxellois. Les réponses sont synthétisées dans un indice de confiance. En ce troisième trimestre de l’année, cet indicateur se stabilise sous le point de référence pour le troisième trimestre consécutif. Autrement dit, la confiance, bien qu’elle ne se dégrade pas, n’est pas au rendez-vous. Les perspectives sont mitigées :
- Moins de 10% des chefs d’entreprise sont satisfaits du fonctionnement global de l’économie.
- A peine plus de 15% d’entre eux pensent réaliser une année 2024 meilleure que l’année précédente. Pire, 40% estiment que l’année sera moins bonne que par le passé.
La pression fiscale, le coût du travail, l’incertitude de l’environnement économique, les difficultés de recrutement ainsi que l’excès de normes et législations constituent le top 5 des entraves à la bonne marche des affaires. Une évolution notable : les difficultés liées au recrutement et à la gestion du personnel sont en forte augmentation.
Des perspectives moroses pour les prochains mois
Concrètement, ce manque de confiance se traduit en plusieurs points clairement identifiés :
- 75% des répondants ne s’attendent à aucune croissance de leur activité dans les prochains mois. Dans cette optique, 80% pensent que la rentabilité/les bénéfices de leur entreprise sera moins bonne ou inchangée par rapport aux derniers mois. Plus de 30% pensent que cela va même se détériorer .
- Moins de 10% envisagent d’augmenter leurs investissements dans les prochains mois.
- Seulement environ 10% prévoient d’augmenter leur personnel dans les prochains mois. C’est la stabilité qui prévaut. A l’inverse, nous ne constatons aucune volonté de réduire les effectifs dans le futur mais bien de conserver les équipes dans un contexte de pénurie de main d’œuvre qualifiée.
Des facteurs problématiques bien identifiés par les PME
Les PME digèrent peu à peu les chocs relatifs à la crise énergétique et à l’indexation, mais d’autres défis se présentent devant elles. Si ces deux facteurs (influençant fortement notre compétitivité) tendent à se stabiliser, les difficultés de recrutement sont de plus en plus soulignées. Un contexte qui met les capacités de croissance et de création de valeur des entreprises sous tension. Au-delà du recrutement, c’est plus globalement la gestion du personnel qui apparait comme un défi de plus en plus prégnant pour les entrepreneurs et indépendants (recruter, former, maintenir au travail, motiver).
Les difficultés liées au personnel sont particulièrement soulignées dans les secteurs de la construction et de l’Horeca. Tous les secteurs, et ces deux là en particulier, subissent directement la pénurie de personnel qualifié mais aussi le vieillissement de la population active. Dans ce contexte de vieillissement et d’une forte demande de main d’œuvre, ces secteurs mobilisant du travail physique et/ou flexible sont davantage en difficulté.
A l’exception de l’incertitude économique, les 4 autres facteurs cités connaissent une croissance continue, année après année. Près d’un chef d’entreprise sur deux les cite comme freins à son développement. Les difficultés de recrutement n’étaient évoquées que dans 18% des cas il y a 4 ans, contre 33% aujourd’hui : c’est pratiquement le double ! La gestion du capital humain en entreprise devient une problématique centrale, devant les coûts d’exploitation par exemple.
Ces résultats mettent clairement en évidence les demandes déjà exprimées auprès des autorités compétentes pour un choc de simplification, une réforme du paysage de l’emploi et un allégement de la fiscalité.
Des mesures concrètes attendues et scrutées par les entreprises
Point positif, les chefs de PME et indépendants continuent de croire en leur projet. Contrairement au fonctionnement global de l’économie, 2 répondants sur 3 restent positifs quant à leur entreprise. Autrement dit, ils demandent un cadre propice au développement de leur activité, rien de plus !
Ces constats corroborent également une série d’analyses dans d’autres pays et au niveau européen. Les PME sont sous pression : législation surchargée, taux d’intérêt élevés, salaires en hausse ont un impact sur la volonté d’investir. Dans un contexte mondial en mutation (avec le retour du protectionnisme américain annoncé à la suite des élections présidentielles mais aussi la politique exportatrice agressive de pays comme la Chine), libérer les forces vives est une nécessité pour continuer de créer, croître et attirer de nouvelles entreprises, tout en maintenant une activité porteuse de valeur chez nous.
En ce sens, nous appelons à une cohérence dans les décisions prises, du niveau européen au niveau local. De plus, les préoccupations de plus en plus importantes sur les questions de l’emploi et des ressources humaines mettent en évidence le rapport au travail, au bien-être et à la santé : il a profondément évolué ces dernières années.
La période post-électorale constitue un moment charnière pour recréer de la confiance entre les mondes politique et économique, pour définir un projet socio-économique porteur et partagé :
- un cap clair, propice à l’activité et libérant les forces de travail ;
- des actions visant à stabiliser les piliers de l’économie (formation/emploi, investissement, etc.).
Le besoin de solution structurelle aux enjeux de pénurie de personnel et de formation a été entendu, avec la mise sur la table de plan d’action par le nouveau Gouvernement, auquel UCM est pleinement associé. Les autorités wallonnes ont annoncé des mesures. Nous suivrons avec grande attention leur mise en œuvre et effets. La mise en place d’un Gouvernement fédéral et en Région Bruxelles-Capitale est en revanche une urgence pour nos PME !
L'auteur.e de cet article
- Conseiller Lobby - Chargé des études socio-économiques au Service d'Etudes