L’absentéisme pour maladie est en augmentation. Le monde des PME est touché également. UCM a interrogé ses membres. Certains constats sont nouveaux, d’autres sont malheureusement d’une grande constance.
Un article co-écrit avec Charlie Tchinda (économiste statisticien au service d’études UCM).
L’enquête UCM* montre que la situation s’aggrave, comme nous avons pu en parler ce 19 février au Journal de RTL tvi. L’absentéisme pour cause de maladie est en augmentation dans plus d’une PME sur trois (38,7%) en comparaison avec la période avant la COVID. De plus, un tiers des chefs de PME interrogés estiment que les périodes de maladie sont plus longues (34,4%) qu’avant la période COVID.
Aussi, près de la moitié des entrepreneurs de PME (48.7%) font état de ce que la durée moyenne des absences pour cause de maladie est supérieure à une semaine. Pour 11% d’entre eux, la durée moyenne des périodes de maladie dépasse 4 semaines.
La maladie, cause de désorganisation dans les PME
Du côté des employeurs, 41,5% déclarent que leurs salariés ne s’acquittent pas toujours de leur obligation de remettre un certificat médical dans les délais, pourtant obligatoires, de 24 ou 48 heures après le début de leur maladie.
Pire, 69,9% des employeurs de PME doivent déplorer des prolongations de certificats. Pour 6,5% d’entre eux, ces prolongations sont mêmes systématiques. Quant aux remèdes, ils ne sont pas au rendez-vous. L’embauche de personnel pour pallier les absences est difficile pour plus de la moitié (50,4%) des chefs de PME. Ce chiffre est même de 55,0 % dans les entreprises de moins de 10 travailleurs.
Des risques en termes de fonctionnement et de coût…
Cette étude a été une nouvelle occasion de montrer ce que nos travaux antérieurs ne prouvaient déjà que trop bien. Le mémorandum UCM 2024 a d’ailleurs été rédigé dans cet esprit.
92,9% des PME déclarent que l’absentéisme désorganise les entreprises. Les employeurs déclarent pour 93,4% que l’absentéisme coûte trop cher. Et 9 répondants sur 10 sont d’accord et/ou tout à fait d’accord sur le fait que les médecins devraient être d’avantage sensibilisés aux conséquences de l’absentéisme.
Dans une entreprise avec 4 travailleurs, si un salarié n’est pas là, c’est un peu comme si dans une entreprise de 1.000 personnes, vous aviez tout d’un coup 250 personnes absentes !, Matthieu Dewèvre, RTL-tvi.
Enfin, pour 79,0% des employeurs, l’absence prolongée doit être un motif de rupture du contrat de travail.
Par ailleurs, 86,4% des chefs de PME interrogés sont opposés à l’inscription dans la Loi de l’octroi de jours de maladie sans certificat.
…et, dans les TPE, davantage de proximité entre travailleurs et patron
Lorsque l’on ventile les résultats de notre étude pour faire la différence entre les réponses apportées par les chefs d’entreprises de moins de 10 travailleurs et ceux de plus de 10 travailleurs, certains éléments interpellent. Ils sont le signe d’une plus grande proximité entre l’employeur et les salariés dans les TPE, même durant les absences.
Constat intéressant, 51,7% des chefs d’entreprises de moins de 10 travailleurs rapportent que des contacts ont lieux « toujours » ou « souvent » durant la maladie pour en diminuer l’impact. Dans les entreprises de plus de 10 travailleurs, ce chiffre tombe à 32,6%.
De plus, 37,0% des employeurs indiquent que les maladies ne sont jamais prolongées dans les entreprises de moins de 10 travailleurs. C’est près de 4 fois plus que dans les entreprises de plus de 10 travailleurs (10,0%).
Il faut prendre les mesures équilibrées qui préserveront mieux les PME !
L’absentéisme est rapporté comme plus court et moins fréquent dans les plus petites structures (-10 travailleurs). Mais ceci ne dit rien du niveau de désorganisation qu’une absence amène dans une TPE. Il ne faut donc pas considérer que leur situation est enviable. Elles sont d’ailleurs une écrasante majorité à nous dire que l’absentéisme coûte trop cher et qu’embaucher pour remplacer les malades n’est pas possible.
Pour UCM, il faut :
- Revoir les règles du salaire garanti pour appliquer le régime des ouvriers à tous les salariés, avec donc un allègement global des coûts pour l’employeur,
- Responsabiliser les médecins aux conséquences de l’absentéisme,
- Débloquer la situation lorsque la maladie se prolonge et que les espoirs de retours s’évaporent.
C’est le sens du combat dont notre Mémorandum 2024 est l’étendard.
*Baromètre PME du quatrième trimestre 2023 réalisé par UCM entre le 23 janvier et le 02 février 2024. Plus de 750 indépendants et chefs de PME ont répondu à nos questions.