Quand un outil pour l’accès à la formation devient une charge pour faciliter le contrôle des employeurs.
Depuis plusieurs années la Commission européenne soutient la création d’outils permettant à toute personne en âge de travailler, qu’elle soit salariée indépendante ou au chômage, de consulter dans un espace (informatique) centralisé les possibilités de formation qui lui sont offertes. Et ceci quel que soit le circuit (écoles, centres de formation, fonds de formation…). C’est l’objet du « individual learning account » (ILA).
Partant de cela le gouvernement fédéral en a profité pour créer un autre outil qui impose aux employeurs de renseigner toutes les formations qu’ils octroient à leurs salariés. Le but n’est pas l’information des citoyens mais le contrôle des employeurs. Et pour l’atteindre, on créée de nouvelles charges administratives pour les entreprises. C’est l’objet du « federal learning account » (FLA).
On en sait extrêmement peu sur la concrétisation de ce compte formation fédéral. On sait seulement qu’il s’imposera dès avril 2024 à toutes les entreprises et pour toutes les formations (formelles et informelles).
Développé sans transparence
Les services informatiques de l’administration fédérale (SIGEDIS) travaillent à cadence de guerre depuis des mois pour qu’un applicatif informatique soit disponible dès le premier avril. C’est en effet à cette date que la loi impose l’entrée en vigueur du dispositif.
Il est évident qu’en l’absence de toute campagne d’information de toute formation à l’outil, personne ne sera prêt à cette date. Dans les grandes entreprises et encore moins dans les plus petites.
Nous avons déjà demandé un report de l’entrée en vigueur du dispositif. Nous continuons à le faire … A ce jour personne au Gouvernement n’est sensible à nos arguments.
Un problème philosophique
L’accès à la formation permet le développement des compétences et donc une meilleure employabilité. Elle est l’affaire de tous. Les employeurs font leurs part et promeuvent des formation dans les secteurs. Et nous sommes parmi les bons élèves européens quant à l’octroi de formations par les employeurs.
Pourtant cette législature nous a apporté un droit individuel à la formation qui n’est pas applicable et un outil de contrôle qui augmente les charges des entreprises. Le tout développé quasiment sans concertation avec les partenaires sociaux … patronaux, à tout le moins. C’est regrettable et il y a place pour de nombreuses améliorations. Ce sera à coup sûr l’un des chantiers de la prochaine législature.
1 outil, 2 outils… 3 outils !
Mais ce n’est pas fini. En effet si l’autorité fédérale est en train de développer son compte formation, on sait déjà que les Régions sont au travail pour développer également un outil. Idéalement tous les outils devraient être compatibles et c’est la volonté que nous avons exprimée dans dans les autorités régionales. d’ailleurs un accord de coopération est en préparation pour s’en assurer.
Toutefois il est permis de penser que, dès lors que plusieurs services informatiques développent en même temps des applications supposées répondre au même besoin, il y aura des couacs.