Le traditionnel sondage qu’UCM mène à chaque période de soldes met en lumière, cette année encore, les graves difficultés du secteur du commerce. Les récentes crises sanitaire puis énergétique ont essoufflé les commerçants indépendants, il est temps de leur accorder toute l’attention à laquelle ils ont droit, si l’on ne veut pas assister à un long processus d’extinction.
Cette année, le service d’études UCM a reçu les réponses de près de 450 commerçants aux questions « soldes » et avenir de la profession. Les commerçants ne vont pas bien. Ils le disent, pour près de 4 sur 5, inquiets pour leur avenir. Les soldes hiver doivent être un succès, ils représentent un moment charnière pour leur trésorerie mais celle-ci n’est toujours pas à l’abri d’un événement incontrôlable et inattendu.
Et c’est bien là le souci (s’il fallait en trouver un de plus à ceux déjà existants) : le climat global. L’Ukraine depuis deux ans, Israël et Gaza depuis quelques semaines redistribuent les cartes d’un enjeu mondial auxquels sont liés les fluctuations des marchés. Les commerçants indépendants wallons et bruxellois sont loin de ces conflits en terme de kilomètres mais si proches lorsqu’il s’agit de payer des factures d’énergie, par exemple.
Quelques chiffres :
Ce sondage met en lumière divers enseignements :
- Près de 3 commerçants sur 5 (57.1%) affirment que leurs ventes ont baissé les six derniers mois de 2023. C’est mieux que l’an passé où ils étaient 64.2 % à constater cette baisse ;
- Quatre commerçants sur cinq inquiets à propos de leur avenir.
Ils ne sont que 20.8 % à envisager l’avenir sereinement. La raison ? Le contexte économique, l’augmentation des coûts de la vie qui rabote le pouvoir d’achat des consommateurs et l’évolution du comportement d’achat de ceux-ci (achats en ligne) ; - Des stocks anormalement hauts cette période pour près d’un commerçant sur deux (46.7 %) : petite éclaircie malgré tout puisqu’ils étaient 55.1 % l’an passé dans cette même situation ;
- Les soldes ne suffisent plus : 42 % des commerçants utilisent d’autres leviers pour écouler leurs stocks (promotions et offres conjointes) pendant la période d’attente ;
- Plus d’un répondant sur trois (35 %) anticipe des ventes moins importantes. C’est toujours interloquant, mais l’an passé à la même époque, ils étaient 48.7 % à tenir ce même discours ;
- Des réductions à partir de 30 % : c’est moins que l’an passé mais ça rejoint les niveaux de réduction historiques. En 2022, la crise énergétique secouait le monde et vidait le portefeuille des clients. Il faudra « frapper plus fort » dès le démarrage des soldes 2024 pour convaincre les consommateurs de passer à des achats encore possibles dans leur budget ;
En résumé
Les commerçants souffrent encore de la situation et, surtout, ne savent pas de quoi sera fait leur avenir. Les évènements économiques et géopolitiques de ces deux dernières années ont rebattu les cartes de la consommation dite « de plaisir », le pouvoir d’achat des consommateurs a souffert et de nouvelles habitudes de consommation s’installent durablement.
Etre commerçant en 2024 ne sera pas chose aisée.
UCM, dans son mémorandum, demande des incitants fiscaux, leur pérennisation et adaptation aux nouveaux besoins des commerçants et demandes des clients. Sensibiliser le client à une consommation « Made in Belgium » est une de leurs planches de salut mais ils doivent aussi bénéficier de mesures de protection, notamment en matière de relation avec leurs fournisseurs, et ce au même titre que le particulier.
Pris en étau entre le comportement d’achat des clients d’une part et les charges fluctuantes d’autre part, les commerçants ont la vie dure.
UCM estime qu’il est temps de mettre ce secteur en lumière et de lui apporter toute l’attention qu’il mérite. Un accompagnement est indispensable pour rester serein devant les défis à venir, comme la transition environnementale, enjeu capital de leur survie.
L'auteur.e de cet article
- Chargée de Communication chez UCM depuis 2009 et aujourd'hui responsable de la communication politique. Je veille à mettre en lumière le travail et l'expertise des conseillers du service d'études, toujours au service des entreprises wallonnes et bruxelloises.