Un jour férié supplémentaire est hors de question. Mais il est peut-être temps d’ouvrir une discussion large sur les jours fériés.
Proposition justifiée au demeurant
Syndicats et patrons reparlent des jours fériés. Le Parlement demande notre avis sur l’instauration d’un nouveau jour férié à la date du 8 mai. L’idée est d’utiliser le jour anniversaire de la fin de la seconde guerre mondiale pour célébrer la lutte contre toutes les formes de fascisme et de discrimination à travers le monde.
La motivation derrière le projet doit être saluée, c’est évident. Sa concrétisation, elle, ne va pas sans poser plusieurs questions.
Un jour férié … supplémentaire
Notre premier message consiste à nous opposer à un jour férié supplémentaire. La situation actuelle, notamment en termes de coûts salariaux, est tout sauf propice à ce qu’un jour payé mais non presté soit imposé à toutes les entreprises belges.
Notre PIB annuel (environ 550 milliards d’€ en 2022) est le fruit de 231 jours ouvrables en moyenne. Chaque jour travaillé contribue donc à notre économie à concurrence de €2,4 milliards. Nous ne pouvons nous permettre en tel manque à gagner. Surtout que ce jour restant payé, les charges elles, ne diminueraient pas !
Certes, la perte ne serait pas de €2,4 milliards. Le pays ne s’arrêterait pas complètement. Notamment parce que les indépendants ne cesse pas le travail les jours fériés ! Mais il n’empêche ; après neuf indexations en deux ans, ce n’est vraiment pas le moment de demander aux employeurs de payer davantage de jours improductifs.
Un jour férié, pour quoi faire ?
Revenons à la question centrale du motif. Lutter contre le fascisme, c’est important, c’est crucial, c’est vital. Nous devons tous y être sensibilisés, aujourd’hui plus que jamais.
Mais l’instauration d’un jour férié conduirait-elle réellement à des actions concrètes de lutte contre le fascisme? Un jour férié est généralement un jour de repos, et il est peu probable qu’il incite les individus à s’engager plus activement dans des actions de lutte contre le fascisme et les discrimination. Pour véritablement lutter contre les idéologies dangereuses, des efforts éducatifs, politiques et sociaux continus sont nécessaires, plutôt qu’un simple jour de congé.
Par ailleurs on l’a dit, les indépendants ne cessent pas le travail les jours fériés. Ont-ils moins besoin que les autres d’entendre ce message salutaire et de contribuer à la lutte ? Bien-sûr que non ! C’est un autre motif de notre opposition à un jour férié supplémentaire.
Modernisons globalement
Pour certain, la lutte contre le fascisme appelle l’instauration d’un jour férié. Nous leur disons que nous ne sommes pas fermés à la discussion. Nous pouvons songer à ce que ce jour REMPLACE un jour férié existant. Dans une perspective plus large, nous pourrions créer une dynamique pour revoir la répartition des jours fériés dans l’année, ainsi que les évènements qu’ils commémorent.
Ce serait pure perfidie de notre part que de demander que le jour férié du 8 mai remplace celui du 1er mai, qui « tombe » une semaine avant… mais il y a place selon nous, pour une réforme équilibrée et plus en phase avec les réalités et les attentes de la société actuelle.