La discussion entre partenaires sociaux est bloquée. Le Gouvernement fédéral a tenté de les rabibocher mais les avis restent divergents.
Une proposition de "médiation"
Dans la proposition du Gouvernement, figure l’idée que les salaires ne doivent pas déraper. Selon les autorités, « l’indexation est déjà affolante ; n’en rajoutons pas ». Aussi ont-elles proposé que la norme salariale soit fixée à 0% pour 2023-2024. C’est plus une obligation qu’un choix puisque la loi l’impose.
Par ailleurs, il est question d’un nouveau chèque sur le modèle du chèque consommation, créé durant la crise Corona. Le but : donner du pouvoir d’achat aux salariés. L’idée est de demander aux entreprises ou aux secteurs dans lesquels des bénéfices « élevés » ou « exceptionnels » (termes non définis) ont été réalisés, d’octroyer une prime de 500€ ou de 750€. À ce montant, le Gouvernement ajoute une cotisation patronale de 16.5%.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que cette proposition ne soulève pas l’enthousiasme.
Personne n'est content
Le banc syndical rejette totalement la proposition. Pour eux, il faudrait une augmentation des salaires de supérieure à 2%, en plus de l’indexation.
Pour les employeurs confrontés à des indexations vertigineuses des coûts salariaux (neuf en deux ans… et ce n’est pas fini), la vision est évidemment toute différente. Bien évidemment, il faut fixer la norme salariale à 0%. Il faut même aller plus loin. Quant à la prime, si elle est acceptable sur le principe, son octroi par secteur (trop disparates pour dégager une conduite unique) et l’imposition d’une cotisation patronale sont des éléments très dissuasifs.
Différence de méthode
Pour exprimer leur mécontentement, les syndicats ont décidé de tout bloquer. Il y a eu la grève du 9 novembre et ils en prévoient une autre le 16 décembre. Faire grève pour du pouvoir d’achat … On finit par ne plus rien comprendre quand les syndicats disent que ces grèves ne sont dirigées ni contre les employeurs, ni contre le Gouvernement. Des grèves contre l’ère du temps, en somme.
De son côté, le banc patronal a interpellé le Gouvernement avec des arguments et des chiffres. Pour soutenir leurs arguments, les employeurs ont rédigé une note avec des propositions équilibrées pour sauver la compétitivité et l’emploi.
La norme salariale doit être fixée à 0%. C’est la Loi. Une prime pourrait être octroyée, pourquoi, dès lors, ne pas y réfléchir ? Mais sur base du seul critère de la volonté de l’employeur et sans que cette prime ne vienne polluer les discussions sectorielles.
Il faut aussi penser aux entreprises qui vont mal. Elles sont (très) nombreuses et, en janvier, ce sera pire. Pour elles, il faut oser remettre en question l’indexation des salaires en touchant au principe, en créant des compensations. Les possibilités existent.
UCM l’a dit : Il faut des mesures exceptionnelles vu l’ampleur du risque pour les indépendants et les chefs de PME.
Il faut que les syndicats comprennent que l’enjeu actuel n’est plus d’être content ou mécontent face aux évènements. Nous le sommes également. L’enjeu, c’est l’existence même de nos PME., comme le rappelle notre Président, Pierre-Frédéric Nyst, sur le plateau de LN24. C’est un modèle qui représente 80% des entreprises wallonnes qui est en danger… sans mentionner les emplois que celles-ci génèrent.
Ne pas oublier les indépendants
Une mesure d’aide aux PME a été prise par le Gouvernement. Elle consiste en une diminution des cotisations patronales de 7,07 %. Nous avons eu l’occasion d’en parler. Nous avons aussi interpellé le Gouvernement sur un point essentiel. Le fait que cette mesure ne concerne pas les indépendants. Or eux aussi sont frappés par la crise (difficultés d’approvisionnement, prix des matières premières, revenus ne connaissant pas l’indexation, etc.).
UCM demande donc une diminution temporaire (sur l’année 2023) des cotisations sociales afin de permettre aux indépendants les plus fragiles de traverser la crise. L’ampleur de cette aide doit permettre aux indépendants de voir leurs revenus croître de 10%.
Nous portons ces propositions partout (partenaires sociaux, gouvernements, médias, etc.) car les indépendants et les chefs de PME ont plus que jamais besoin d’être entendus et respectés.
L'auteur.e de cet article
- Matthieu DEWEVRE