Les prochains mois devraient être ceux de la négociation et de la conclusion d’un accord interprofessionnel. Il est crucial que les partenaires sociaux trouvent un accord pour sauver l’emploi, l’économie… et peut-être eux-mêmes.
Même le cadre pose problème
La loi de 1996 prévoit qu’un accord sur l’évolution des salaires pour les deux ans à venir soit passé d’ici décembre. Et évidemment, les prévisions sont tellement mauvaises que personne n’imagine sérieusement pouvoir s’accorder sur un chiffre positif.
Les syndicats sont opposés à cette législation qui ne permet généralement pas une indexation à la hauteur de leurs attentes. Ils ont manifesté. Ils ont pétitionné. Ils ont menacé de ne pas venir négocier si on ne changeait pas la loi, mais
IndexationS non-compriseS
Les employeurs sont attachés à cette loi, surtout en période de crise puisqu’elle oblige les partenaires sociaux à s’accorder sur une « norme salariale », sur une limite à l’augmentation des salaires… qui évoluent aux côtés des indexations !!
C’est très peu dit et rarement compris, mais c’est une question de compétitivité du pays par rapport à nos voisins qui ne connaissent pas d’indexation automatique des salaires. Quand l’indexation tire nos salaires vers le haut, les salaires de nos voisins ne bougent pas. L’indexation des salaires obligent les commerces à augmenter leurs prix et la petite économie ouverte belge se retrouve fortement désavantagée.
Lorsque l’on sait que certains secteurs connaîtront 5 indexations sur 2022, qu’une indexation de 10% arrive en janvier dans certains secteurs et que les prévisions sont loin d’être optimistes, on comprend l’importance d’éviter l’emballement des acteurs sociaux. Pour l’employeur, l’indexation est une hausse des coûts, pas un simple rattrapage.
Crise énergétique
De plus, la crise énergétique s’est invitée à la table, les factures explosent et les faillites nous guettent. Des mesures sont prises pour aider les entreprises mais il y a encore du chemin pour les sauver. Dans les commerces, on fait de la prévention. C’est important mais ce n’est pas suffisant.
Les coûts salariaux et la facture énergétique sont les deux postes de coûts les plus importants dans de nombreuses PME. On constate qu’ils explosent tout les deux en même temps et les marges de négociations deviennent, de ce fait, de plus en plus étroites pour les employeurs.
Stress test
Et pourtant, en temps de crise, mettre en place des accords sociaux est crucial pour maintenir une entente. Habituellement, ces clauses sont peu scrutées, on les ajoute par automatisme. Mais ces jours-ci, le risque que les instances soient débordées par leurs bases est réel.
De plus, ces accords sont indispensables pour préparer l’avenir. Les choses finiront bien par se normaliser. Il est dès lors fondamental que nous puissions rassurer les entrepreneurs sur la manière dont ils pourront traverser la crise, mais aussi développer leurs activités quand le climat redeviendra plus clément.
C’est tout notre modèle de concertation qui risque d’être remis en question si les partenaires sociaux se montrent incapables d’admettre que, en temps de crise, il faut sauver ce qui peut l’être. UCM se déclare prête à discuter sans tabou, avec pour seul et unique objectif de défendre les intérêts des indépendants et des chefs de PME francophones.
Réponse syndicale
Pour l’instant, les seules réponses de la part des syndicats sont : la grève du 21 septembre et une menace de grève pour le 9 novembre prochain. On peut faire mieux. On doit faire mieux. Une chose est certaine, c’est en négociant que l’on trouve des accords, pas autrement.
L'auteur.e de cet article
- Matthieu DEWEVRE