Près de 1.000 faillites en un mois. UCM demande des mesures urgentes. Ne pas lâcher maintenant les entreprises viables, après deux ans et demi d’aides salvatrices.
Le nombre de faillites ne cesse d’augmenter. Nous avons atteint un record avec 988 faillites en mai, selon une étude de Graydon, soit 2 fois plus qu’à la même période en 2020. Cela concerne surtout la construction, l’horeca et le secteur du transport. Les jeunes pousses et/ou les entreprises starters sont aussi touchées.
Avec pas moins de 9100 entreprises qui mettraient la clé sous le paillasson en 2022 (+39% par rapport à 2021), selon l’Assurance Crédit Allianz Trade. La Belgique figurerait alors dans le top 3 des pires pays de la zone euro en termes de faillites (avec les Pays-Bas et l’Autriche).
Quelles sont les causes ?
Plusieurs facteurs expliquent cette augmentation :
- Tout d’abord, l’augmentation du nombre de citation en faillite qui est une conséquence directe de la fin du moratoire de fait ;
- Ensuite, l’expiration progressive des aides covid et les reports de charges à honorer ;
- Les TPE ont aussi utilisé davantage leurs capitaux privés et sont arrivées à leur épuisement ;
- Enfin, les chocs plus récents ont un impact : inflation, indexation, coûts énergie, pénurie matériaux et main d’œuvre, évolution comportement des consommateurs, incertitude des marchés…
Autre constat et causes spécifiques : les nouvelles entreprises (- 5 ans) connaissent la plus forte hausse. Au niveau de la Belgique, elles représentent en mai de cette année 37 % de celles qui ont fermé leurs portes, contre 32% en mai 2021. La Flandre est la plus touchée avec une augmentation de 6 points de pourcentage.
Ces starters ont démarré leur activité dans un contexte particulier et incertain, qui ne leur a pas permis de trouver leur marché et percer dans cet environnement hostile.
Arrêter l’hémorragie !
Selon le bureau Graydon, la vague de faillites attendue après la période de pandémie est arrivée… et prend de l’ampleur.
Nous sommes encore en sortie de crise. On passe même d’une crise à l’autre. Les chiffres en témoignent. L’arrêt des mesures de soutien a été trop brutal pour les entreprises saines.
Pour UCM, plusieurs mesures immédiates s’imposent. Comme nous avons déjà eu l’occasion de le dire dans les médias :
- Le moratoire de fait sur les faillites doit être réactivé à l’égard de l’ONSS et du fisc ;
- Etendons cela à un moratoire sur les facteurs énergétiques et les coupures d’énergie, qui pèsent temporairement très lourds sur les risques de faillite évitable ;
- Prolonger le chômage temporaire pour force majeure dans sa forme simplifiée. Soyons pragmatique et conservons ce système qui aide les entreprises et préserve des emplois aussi longtemps que la situation l’exige ;
- Trouver un consensus pour enrayer rapidement l’augmentation des coûts salariaux notamment due à l’indexation automatique.
Cela passe aussi par la prévention des faillites avec l’accompagnement proposé par la Région bruxelloise pour la procédure de réorganisation judiciaire et la médiation d’entreprise.
En Wallonie, le programme Ré_Action offre un accompagnement et/ou une intervention financière pour les indépendants et micro-entreprises en difficulté. Il s’agit de mettre l’activité sous monitoring. Comment ? Via un outil digital pour tester la santé de son entreprise, via un coaching personnel de l’entrepreneur, ou encore via un soutien financier et la mise en place d’un comité d’avis.
Entreprendre les réformes attendues
Les défis sont aussi des défis de moyens termes. Plusieurs réformes sont attendues.
La première vague de faillite étant là, il y a lieu de garantir une couverture sociale digne de ce nom. Le droit passerelle doit être renforcé et son accès élargi, comme nous l’avons demandé. Les conclusions de partenaires sociaux dans l’avis du Comité de gestion du statut social indépendants (mars 2022) doivent être suivies.
Engager des réformes structurelles du marché du travail doit être la priorité des gouvernements, pour augmenter notre taux d’emploi et permettre aux entreprises qui résistent de faire face à leurs besoins en personnel.
Enfin, hâtons-nous dans la mise en œuvre des plans régionaux soutenant l’économie : Shifting economy à Bruxelles et Plan Wallon de Relance.
Surtout, ce n’est clairement pas en ajoutant une couche en encadrant trop les délais de paiement des dettes des consommateurs vis-à-vis des entrepreneurs par l’obligation d’un rappel gratuit avec un délai obligatoire comme le propose le Ministre de l’économie, Pierre-Yves Dermagne. Les indépendants et PME ont besoin de leurs liquidités.