Le Parlement de Wallonie s’est penché sur la possibilité d’instaurer une consigne sur les cannettes et bouteilles PET. L’objectif de cette proposition de décret est de lutter contre les déchets sauvages le long des routes wallonnes, et ce via l’instauration d’un système de consignes.
UCM, en collaboration avec Aplsia (la fédération du libre-service des indépendants en alimentation) y salue l’objectif de lutter contre les déchets sauvages, mais pas de n’importe quelle manière.
La première préoccupation d’UCM et Aplsia, à la lecture de cette proposition de décret, est de quantifier le travail supplémentaire à charge des indépendants du secteur, en considérant que les déchets sauvages sont composés à hauteur de 7 % par des cannettes et 12 % de bouteilles. Tous déchets compris, les emballages réutilisables et le vrac ont augmenté de 78 % en 2020.
A cela s’ajoute l’entrée en vigueur de la directive « Single use plastics » le 1er janvier 2023 qui fera peser le coût (16 millions d’euros/an) de la collecte et du traitement des déchets sauvages sur les épaules des producteurs, coût aujourd’hui pris en charge par les communes.
Mise en œuvre coûteuse
Dans un tel contexte, UCM et Aplsia estiment que la consigne peut s’avérer ni efficace, ni efficiente dans le cadre de la lutte contre les déchets abandonnés.
De plus, ce système de consigne risque d’engendrer des coûts importants de mise en œuvre, à charge de l’indépendant. Un coût mais aussi une occupation de l’espace dans le commerce, deux enjeux pour les surfaces commerciales dont la vente de boissons constitue souvent un produit d’appel et une part importante de leurs revenus. En 2020, la gestion des déchets d’emballage a coûté 515 millions d’euros aux producteurs et détaillants.
UCM et Aplsia estiment, en l’état, que la proposition de décret actuelle n’apporte malheureusement que peu d’informations à ce stade, et qu’il faut, en plus, définir les modalités de mise en œuvre, afin que le secteur puisse se positionner et dégager une vue globale de la problématique.
Les points d’attention à considérer sont nombreux :
- Coût d’investissement lié aux machine (ou adaptation des machines existantes) pour réception des contenants à recycler ;
- Coût de maintenance des installations ;
- Coût de la reprise manuelle pour les commerçants qui ne peuvent supporter l’achat d’une machine ou qui ne disposent pas de la place dans leur magasin ;
- Coût lié à l’occupation de la surface par la machine (et perdue pour l’activité principale de vente) ;
- Coût lié à la mise à jour des logiciels, à la logistique et à l’impression de tickets ;
- Coût du personnel dont une partie du temps de travail sera dédicacé à la consigne ;
- Et coût engendré par d’éventuels acte de vandalisme.
A cette (déjà) longue liste de questions, se greffe la problématique du prix des boissons, inférieur dans les pays limitrophes. Faire supporter le coût de la consigne aux consommateurs ne va que renforcer cette disparité commerciale.
Devant si peu de transparence, UCM et Apslia considèrent prématuré d’approuver cette proposition de décret et rappellent qu’un travail commun est en cours autour d’un projet d’accord-cadre en matière de prévention des déchets avec la ministre Tellier. Enfin, UCM et Aplsia proposent de conserver le sachet bleu unique et de ne pas multiplier les systèmes de récolte.
L'auteur.e de cet article
- Chargée de Communication chez UCM depuis 2009 et aujourd'hui responsable de la communication politique. Je veille à mettre en lumière le travail et l'expertise des conseillers du service d'études, toujours au service des entreprises wallonnes et bruxelloises.