#1 Premier volet du grand baromètre UCM du statut social consacré à la question des fins de carrière et de la pension. Rester actif jusque 67 ans, source de nouvelles craintes !
Le grand Baromètre du Statut social des Indépendants, édition 2021, délivre comme chaque année son lot d’enseignements. A commencer cette année par celui-ci : la crise sanitaire et économique érode les certitudes des indépendantes et indépendants. Cela se voit dans leurs craintes aggravées face aux situations de maladie et d’interruption forcée. Consacrons ce premier article aux résultats en matière de pensions.
Comment tenir jusque 67 ans ?
Durant la crise du Covid, les indépendants ont expérimenté l’interruption d’activité et ont subi malgré eux de graves pertes de chiffres d’affaire. D’autres ont connu la maladie. Les certitudes et ce sentiment de solidité à toute épreuve ont été érodés. Ainsi :
- L’inquiétude par rapport à la fin de carrière à 67 ans bondit à 42% (+15 points de pourcentage par rapport à 2019) ;
- Les indépendants dénoncent le caractère trop rigide des règles de départ à la pension anticipée (69%) ;
- 64% souhaiteraient pouvoir anticiper plus librement leur pension, quitte à recevoir une retraite un peu plus faible. C’est le système des bonus-malus ou « corrections actuarielles ».
C’est l’exemple de l’indépendant ou l’indépendante qui a débuté à l’âge de 25 ans après quelques années d’étude. Proche de l’âge de la retraite, peut-être atteint précocement par la vieillesse, ou confronté à une activité devenue non rentable, il/elle n’aura pas d’autres choix que d’attendre son 67ème anniversaire… Mais avec quels moyens d’existence ?
Contrairement aux salariés ou aux fonctionnaires, les indépendants doivent craindre une période sans revenu ni revenu de remplacement. C’est là clairement un risque spécifique de précarité à la veille de la retraite.
Le montant de la pension : trop tôt pour se réjouir !
En ce qui concerne la hauteur des prestations de pension, la préoccupation persiste : 86% des indépendants et indépendantes sont inquiets du faible montant de leur pension, soit un niveau d’inquiétude jamais atteint.
Pourtant, l’actuel gouvernement s’est attelé à augmenter la protection minimale (pension minimum portée à 1.500 euros d’ici 2024). Et, à l’initiative d’UCM, il a fait sauter le coefficient de correction qui « écrasait » jusqu’ici les montants accordés aux indépendants retraités. Mais cette dernière mesure, tout historique qu’elle soit, n’agit pas rétroactivement. Elle ne portera ses pleins effets que d’ici 2066 !
Il faut apporter les justes réponses à cette perte de confiance
Un indicateur s’améliore légèrement : celui des craintes des entrepreneurs vis à vis de la robustesse des finances de l’Etat. Préoccupation de 64 % des indépendants il y a deux ans, cela ne concerne plus « que » 55 % d’entre eux cette année.
C’est pourquoi UCM compte intervenir très activement dans les débats sur les réformes des pensions, sur différents plans et notamment :
- Des réformes de fond doivent être menées, en se basant sur les principes d’équité et de transparence tels que ceux de la pension à points. Une année travaillée = un droit équitable et bien identifié ;
- Pour la fin de carrière, chacun doit pouvoir aménager sa fin de carrière en fonction des aléas qui lui sont propres. Un cadre responsabilisant doit permettre cette plus grande liberté individuelle, indispensable pour les indépendants ;
- Les années travaillées doivent être davantage valorisées. C’est aussi pourquoi les années qui font l’objet d’une dispense ou d’une exonération doivent être prises en compte dans les conditions de carrière (pension anticipée, pension minimum,….). Nombre de règles jouent jusqu’ici en défaveur des travailleurs indépendants.
L’ensemble des messages que nous portons vise à améliorer la performance sociale de nos régimes de pensions mais aussi à mieux garantir sa durabilité. Pour effectivement répondre à cette légitime perte de confiance !
Très prochainement sur ce blog, nous aborderons les enseignements du grand Baromètre UCM du Statut social des Indépendants en ce qui concerne les charges de cotisations sociales et les couvertures d’arrêts-maladie et d’interruption forcée.
L'auteur.e de cet article
- La sécurité sociale des travailleurs indépendants reste un levier important pour développer l'entreprenariat. J'écris ici, avec le Service d'Etudes, pour défendre les intérêts des indépendants en matière de pensions, de droit passerelle, d'assurance maladie-invalidité,... N'hésitez pas à réagir et à commenter.
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