Six indépendants sur dix craignent de ne pas percevoir de pension. Question de durabilité du système. UCM a été reçue par la Ministre des pensions. Sur la table : le lien à clarifier entre pension et travail effectif.
Le deux décembre dernier, le président UCM Pierre-Frédéric Nyst répondait avec Unizo, le Boerenbond et la FEB à l’invitation de la ministre des Pensions, Karine Lalieux, au sujet des réformes des pensions.
La feuille de route fédérale est déséquilibrée
La Ministre a pu, une nouvelle fois, présenter la feuille de route en trois phases, devant constituer les réformes annoncées par le Gouvernement.
La phase 1 concerne les nouvelles améliorations des montants de pensions, principalement pour amener la pension minimum à 1.500 euros et pour supprimer le coefficient de correction du régime des indépendants.
La phase 2 concerne de nouvelles exceptions au report de l’âge de la pension, sans mécanisme responsabilisant. Un seul incitant est prévu, soit un bonus de 50 euros de pension mensuelle pour chaque année travaillée au-delà d’une carrière (travaillée ou non) de 42 ans. Ce système de bonus, très coûteux, avait été supprimé au 1er janvier 2015, par le ministre des Pensions de l’époque, Alexander De Croo.
Quelle durabilité pour nos pensions ?
Et la phase 3 ? C’est celle qui devrait renforcer financièrement les régimes de pensions. En d’autres termes, c’est aussi celle qui devrait prévoir l’architecture incitant les futurs bénéficiaires à plutôt travailler (comme indépendant, salarié ou fonctionnaire) que de ne pas travailler, à cotiser plutôt que de ne pas le faire et à voir les effets positifs de leurs cotisations sur le futur montant de leur pension.
Non, rien n’apparaît de tout cela dans cette troisième phase. La Ministre propose aux partenaires sociaux de travailler d’ici 2024 sur – je cite – » la généralisation de la pension complémentaire, l’augmentation du taux de remplacement, et la prise en compte de la dimension familiale dans notre système de pension. »
Six indépendants sur dix craignent de ne pas se voir payer leur pension. C’est ce qui ressort de nos Grands baromètres du Statut social des Indépendants. Il y a là une prise de conscience chez les indépendants et chefs d’entreprise du défi de durabilité auquel fait face notre système de pension. La cause principale : les évolutions démographiques, notamment celle très positive liée à l’espérance de vie.
Le risque évident ? Que les générations futures ne soient plus en mesure de financer le système.
S’inspirer des travaux du Conseil académique des pensions
On ne peut pas dire aux jeunes que pour eux « on verra bien », Conseil académique des pensions, 2019.
Le Conseil académique des pensions sous la présidence de Franck Vandenbroucke, actuel ministre des Affaires sociales, a publié en juin 2019 ses « six conditions pour une bonne gouvernance des pensions » :
- D’abord revoir l’architecture ( une année de travail = un droit) ;
- Constituer un contrat clair entre générations, actuelles et futures ;
- Fixer les règles des adaptations futures ;
- Chiffrer les réformes en terme d’adéquation sociale et de soutenabilité financière ;
- Tenir compte des différences d’espérance de vie au sein de la population ;
- Soumettre les réformes à une large concertation sociale.
Communiqué commun des organisations patronales
Force est de constater que très peu de ces principes de bonne gouvernance sont dans l’action du gouvernement De Croo en matière de pensions, qui nous a été présentée par la Ministre Lalieux.
C’est pourquoi, au lendemain de cette présentation, nous avons publié un communiqué de presse qui dénonce cette situation.
Les organisations patronales déplorent que les propositions sur la table tendent plutôt à valoriser l’inactivité et à augmenter les dépenses de pensions. Ainsi, elles mettent en avant l’augmentation des pensions minimales (déjà votée), la réduction du nombre d’années de travail pour avoir accès à cette pension minimale, l’assouplissement des conditions de la retraite anticipée et l’introduction d’un régime complémentaire de retraite anticipée. Avant d’envisager des corrections sociales, il faut d’abord consolider la colonne vertébrale du système de pension.
UCM continuera de faire passer ces messages. Les indépendants et chefs d’entreprise, d’aujourd’hui et de demain, méritent d’avoir des certitudes sur leur couverture pension.
Farouchement et avec conviction, nous y veillons.
L'auteur.e de cet article
- La sécurité sociale des travailleurs indépendants reste un levier important pour développer l'entreprenariat. J'écris ici, avec le Service d'Etudes, pour défendre les intérêts des indépendants en matière de pensions, de droit passerelle, d'assurance maladie-invalidité,... N'hésitez pas à réagir et à commenter.
Derniers articles
- 2024.11.06FédéralLa Sécu des indépendants, un soutien sous-estimé à l’entrepreneuriat
- 2024.10.09FédéralIndépendants complémentaires : récolter ce qu’ils sèment
- 2024.05.10Mémorandum 2024Sécu : un congé de deuil, aussi pour les indépendants ?
- 2024.03.28Mémorandum 2024Pension : 1€ = 1€, aussi pour les indépendants complémentaires