Le 29 novembre aura lieu le Cyber Monday, trois jours après le Black Friday. Et ce, dans un contexte où les initiatives pour encourager le commerce en ligne n’ont jamais été si nombreuses. Mais au fond, de quoi les indépendants ont-ils réellement besoin ?
La crise covid a engendré des changements dans les comportements de consommation. Une double tendance s’installe : recours accru au shopping via l’e-commerce d’une part et consommation locale et durable d’autre part.
Comment dès lors concilier les dimensions digitale et locale ?
C’est bien la question à laquelle tente de répondre une proposition de résolution déposée à la Chambre en mai dernier. Celle-ci vise à mettre en place une plateforme numérique nationale regroupant les commerçants locaux de Belgique. Et ainsi concurrencer les géants de la vente en ligne, dont la force de frappe marketing en fait pâlir plus d’un, surtout lors des événements tels que le Black Friday et le Cyber Monday.
UCM a donné son avis, sur base des constats de terrain et sondages auprès des commerçants qu’elle représente.
D’abord, distinguer la présence sur le web et la création d’un e-commerce
Il n’est, en effet, pas utile ou opportun pour tout commerçant d’avoir un e-commerce propre.
Une majorité des commerces indépendants utilise le web pour soutenir le magasin physique. Internet et les réseaux sociaux jouent ainsi un rôle d’attraction du client.
Avoir un e-commerce revient à gérer un second magasin (référencement, visibilité, créativité, stocks, envois des commandes, modes de livraison, retours, échanges, remboursements et on en passe) ! Les obligations que cela impose doivent être mises en balance, en toute quiétude, avec le gain que cela rapporte.
Cette balance ne sera pas positive pour tout le monde, il faudra notamment prendre en compte la localisation, le type de produit/service ou encore la cible de clientèle.
C’est pourquoi UCM plaide pour un diagnostic d’opportunité avant de se lancer. Celui-ci doit permettre au commerçant d’évaluer la plus-value potentielle d’un système de vente en ligne.
La présence en ligne et la visibilité web est, par contre, indispensable pour tous.
Que ce soit via un site web, une page Facebook pour y publier une nouveauté, un compte Instagram pour de jolies photos ou un bon référencement Google (coordonnées, renvoi vers un site/page, heures d’ouverture), disposer d’une vitrine numérique s’impose comme un must ! Elle est la porte ouverte pour d’autres évolutions d’achat : click and collect et web-to-store (s’informer sur le net et acheter en commerce) par exemple.
C’est pourquoi UCM demande à améliorer la connaissance des aides publiques destinées à la visibilité web. On pense, notamment, à la consultance via les chèques-entreprises en Wallonie.
Informer les entrepreneurs
La proposition de résolution demande la mise en place de campagnes d’information et de communication, ainsi que la création d’un portail spécifique lié à la création et la gestion d’un e-commerce.
Pour UCM, c’est une bonne initiative, si et seulement si, l’information est complète, régulièrement mise à jour et qu’elle permet de conscientiser aux inconvénients, droits et devoirs liés envers le consommateur. Cela doit aussi être alimenté par les régions/provinces/communes car elles peuvent connaître des réalités différentes. Elles sont bien souvent à la source d’initiatives online regroupant les commerçants de leur propre territoire.
Site web national
La proposition de résolution demande la création d’un site web national regroupant l’ensemble des commerçants locaux le désirant. Le tout sous la forme d’une carte où le consommateur pourrait trouver les commerces et produits recherchés près de chez lui, là où le commerçant alimenterait son profil par ce qu’il souhaite mettre en évidence.
Pour UCM, il convient de relativiser l’impact positif potentiel d’un tel site national. En effet, les différentes plateformes ayant vu le jour pendant les confinements liés au covid présentent des résultats mitigés. Peu d’entre elles ont survécu. Elles étaient trop nombreuses et disparates d’une part, et le consommateur a vite retrouvé ses habitudes d’achats physiques d’autre part (le succès de la 5ème édition du Weekend du Client en est la preuve ultime).
Avoir une plateforme belge, quelque chose de « .be », reprenant tous les commerces et produits à vendre, tout en permettant aux consommateurs belges de savoir qu’ils achètent local, pourrait néanmoins aider à lutter contre les GAFAM, avec le poids nécessaire. Il faut toutefois que celle-ci soit non seulement accompagnée de plusieurs conditions (diagnostic individuel des commerçants en amont, information exhaustive et actualisée en permanence) mais aussi menée conjointement avec une stratégie nationale de lutte contre la concurrence étrangère.
Stratégie globale
La concurrence étrangère est un des enjeux phares d’une stratégie nationale d’e-commerce.
Le Gouvernement s’était engagé à « créer des conditions de concurrence équitables entre entreprises belges et étrangères avec les mêmes contrôles et dans le respect de la législation belge (par ex. en ce qui concerne l’e-commerce) ».
UCM demande sa concrétisation avec impatience. C’est une condition sine qua non au succès du commerce online en Belgique.
L'auteur.e de cet article
Derniers articles
- 2022.12.23EconomieCrise : des précisions sur l’aide directe wallonne
- 2022.09.01EconomieL’animation et la redynamisation du commerce wallon
- 2022.08.16EconomieIndemnités pour travaux de voirie en Wallonie : du nouveau dans l’air !
- 2022.07.14EconomieHeures d’ouverture des commerces : les adapter ou se réinventer ?