La Wallonie réfléchit à ses grands investissements et grandes réformes pour les années à venir. Tout le menu tient dans un plan : Get Up Wallonia. Des experts viennent de faire un premier tri dans les propositions.
Réalisé par 9 professeurs d’université formant « le Conseil Stratégique », le rapport de l’initiative Get Up Wallonia se décline en 5 axes, déclinés en 51 actions, elles-mêmes déclinées en une série de chantiers. Un premier constat s’impose : on ne saura pas tout mettre en œuvre. Le Gouvernement wallon va devoir prioriser.
Le rapport fait peu de place aux mesures d’urgence liées à la crise du coronavirus et à la reprise des secteurs à venir. Il planche surtout sur le long terme. Quelles mesures pourraient directement vous concerner en tant qu’entrepreneurs et dirigeants de PME ?
De la formation à tous les étages…
Les experts veulent dépoussiérer le secteur de la formation en Wallonie, et propose notamment de :
- Faire de la formation en alternance en entreprise le nouveau « normal » : vous voilà prévenus. Vous allez être mis à contribution pour former des jeunes et des demandeurs d’emploi dans les années à venir. Avec des aides financières, ou des contrôles-sanctions ? Cela reste assez vague pour l’instant.
- Généraliser l’accès à la formation tout au long de la vie : soit créer un dispositif universel (portefeuille) pour soutenir la formation continue de chacun. Cela vous concerne vous en tant qu’indépendant, mais aussi et surtout vos travailleurs. Risque de doublon par rapport à l’existant ? Responsabilisation de chacun par rapport à son employabilité ou droit acquis pour un travailleur de se former comme il l’entend ? Aucune précision non plus à ce stade.
- Moderniser et réorganiser les opérateurs publics de formation : D’avantage d’équipements et d’infrastructures de pointe, un paysage moins compliqué. L’idée est de former mieux et de façon plus fluide. Le visage de vos interlocuteurs et partenaires de formation (Forem, IFAPME, centres de compétences, …) pourrait changer dans les années à venir.
… et des aides à l’emploi mises au grenier ?
Former c’est bien, mais qu’est-il prévu in fine pour encourager les embauches et en réduire leur coût pour les PME ? Les experts sont beaucoup moins loquaces sur ces aspects. D’après eux, le but premier des budgets wallons ne devrait pas être de vous aider à embaucher et de croitre, mais de soutenir financièrement uniquement vos embauches de certains profils précaires. Citons notamment les jeunes et les demandeurs d’emploi très peu qualifiés.
On propose ainsi :
- de cibler d’avantage les subsides,
- de les octroyer sur une plus courte période et
- de simplifier les formalités pour pouvoir en bénéficier.
Les dispositifs de soutien aux entreprises remis à plat
C’est assurément le point central de toutes les propositions en matière d’aides économiques aux entreprises.
Il y a du bon et du moins bon : si UCM rejoint sans conteste le constat selon lequel le paysage des aides est peu lisible, il ne faut pas pour autant inventer de nouvelles recettes. Réduire le nombre d’aides et créer de nouveaux dispositifs mieux adaptés n’est pas la bonne solution. Il faut s’appuyer sur ce qui existe déjà.
La réorganisation par fusion des outils financiers régionaux existants (SRIW, Sowalfin, Sogepa, invests) a du bon. Pour autant que les moyens ainsi dégagés soient réalloués aux mêmes bénéficiaires : comprenez, aux indépendants et PME pour ce qui est de la Sowalfin et de ses filiales. Nous y sommes attentifs et le resterons.
Parmi les mesures plus précises déjà envisagées, on trouve l’adaptation du prêt Coup de Pouce. Comment ? En permettant d’une part aux prêteurs de transformer leur prêt en actions et, d’autre part, en ouvrant ce dispositif aux prêts entre entreprises. Ces idées ont le mérite d’élargir le panel de possibilités pour mobiliser l’épargne privée.
L’introduction de critères conditionnant l’obtention des aides
Lier l’octroi de subventions à des comportements vertueux et pénaliser financièrement ceux qui ne le sont pas, c’est bel et bien une pièce maîtresse de ce rapport. Pourtant, les entrepreneurs ont besoin de ces soutiens pour se relancer post-crise. Ils attendent des aides automatiques dont les conditions d’octroi sont objectivables préalablement à l’introduction de la demande.
Une alternative ? UCM en propose, afin de passer d’une logique punitive à une logique incitative. Augmenter le montant ou la durée de ces aides à posteriori selon le respect de critères environnementaux et sociaux par les entreprises bénéficiaires inciterait assurément les PME à mettre tout en œuvre pour participer à la résilience de notre région.
Les marchés publics comme outil de relance économique
Prévoir une meilleure publicité des marchés, un soutien accru aux T/PME et à l’innovation sont autant de bonnes propositions. Nous notons la volonté de tenir compte des carnets de commandes des entreprises pour éviter que des pics d’activités à court terme ne déséquilibrent un secteur. Et également la volonté d’aider les entreprises à répondre aux appels d’offres via le volet animation économique de la Sowalfin.
Recourir prioritairement aux PME locales est indispensable pour renforcer le maillage au Sud de notre pays. Pour cela, il faudra s’assurer que l’insertion de clauses éthiques, sociales et environnementales dans les cahiers des charges n’aboutisse pas à des réservations de marché.
C’est tout ? Non bien sûr ! D’autres idées (bonnes et moins bonnes) sont sur la table. Mais avoir une idée ne suffit pas. Il faut surtout pouvoir la concrétiser et la mettre habilement en œuvre pour qu’elle porte ses fruits. C’est là qu’UCM sera au poste pour faire entendre votre voix et défendre votre quotidien !
L'auteur.e de cet article
- Conseiller au service d'études et spécialisé dans les matières sociales (emploi, formation et droit du travail), je défends les intérêts des entrepreneurs et PME dans ces domaines.