Les banques ont aussi un rôle à jouer

Il n’y a pas que les gouvernements qui doivent être aux côtés des entrepreneurs, les banques aussi. Et dans les faits, ce n’est pas si évident. Même si Febelfin (la fédération des banques) et le gouvernement fédéral viennent de conclure un accord dans le contexte de ce deuxième confinement.

Concrètement, qu’entend-on par « être aux côtés des entrepreneurs »?

Tout d’abord, soutenir les nouveaux entrepreneurs, ceux qui se lancent dans l’aventure, qui ont pris le temps pendant le premier confinement de faire mûrir leur projet et qui se sont faits accompagnés, notamment par nos collègues du Développement Economique.

Un exemple? Monsieur M. a travaillé son business plan avec un conseiller UCM. C’est solide. Il veut reprendre une friterie, il est pugnace et volontaire. Oui, mais il a besoin de moyens financiers. Or, plusieurs banques refusent tout simplement de rencontrer ce porteur de projet parce qu’il s’agit d’un cas horeca. Dans ces conditions, comment peut-on imaginer que l’initiative entrepreneuriale va permettre de sortir de la crise?

Certains efforts ont déjà été faits pendant le premier confinement. Une série de reports ont été permis tant sur les crédits hypothécaires que sur les crédits professionnels. Mais jusqu’il y a peu, rien n’était prévu pour les entrepreneurs fortement impactés par ce deuxième confinement.

La décision est tombée cette semaine. Le ministre des Finances a trouvé un accord avec Febelfin pour que les échéances mensuelles de janvier, février et mars 2021 soient reportées.

 

Un report de crédit à quelles conditions ?

  • L’entreprise doit être confronté à des problèmes de paiement du fait de la crise et être considérée comme viable. Toutes les conditions sont énoncées dans la Charte.
  • Les intérêts restent dus.
  • Le report de paiement peut être demandé pour les échéances mensuelles en janvier, février et mars et peut courir au plus tard jusqu’au 31 mars 2021.
  • Au total (les 2 périodes de confinement additionnées), le report ne peut jamais dépasser 9 mois.
  • Le report de paiement ne peut être demandé que pour les crédits qui ont été contractés avant le 1er avril 2020.
  • Les banques s’engagent à ne pas facturer les frais de dossier ou frais administratifs d’usage.
  • A l’issue de la période de report, les paiements normaux reprendront. La durée du crédit sera prolongée de la période de report de paiement.

Le message des banques est clair : il faut prendre contact rapidement avec son banquier pour trouver des solutions plus structurelles le cas échéant. Et introduire son dossier de demande de report rapidement car il faut au moins 10 jours calendrier pour qu’il soit traité.

Quid des besoins de trésorerie?

Globalement, les mesures prises sont une bonne chose. Mais, à côté des reports, comment fait-on pour combler les besoins en trésorerie? À l’heure actuelle, 51 % des entrepreneurs ont des problèmes de trésorerie (en raison de la perte de chiffre d’affaires, du retard de paiement des clients ou de l’État). Un simple report de paiement des crédits en cours ne sera pas suffisant. Il faut que les banques travaillent en partenariat avec les structures publiques de financement qui ont développé des outils propres à la crise afin de partager le risque.

Il y a un « vide » en termes de dates. Pour ceux qui ont fait leur première demande de repart après le 20/90, les demandes de report de crédit entre septembre et décembre ne sont pas couvertes par les décisions de report. Cela veut donc dire que pour ces entrepreneurs les reports demandés en septembre, octobre, novembre et décembre ne seront pas accueillis favorablement par les banques. Or, le confinement a pris cours mi-octobre…

C’est 3 mois… pas plus, même moins. La deuxième période de report couvre janvier, février, mars. Si la demande est introduite en mars, seul le report de paiement pour mars pourra être envisagé car aucun report ne sera possible pour les échéances qui suivront le mois de mars. Ce qui n’est pas le cas pour les particuliers qui pourront obtenir 3 mois de report pour autant qu’ils introduisent leur demande avant fin mars.

C’est un vrai support que l’on attend des banques. Un état d’esprit de soutien. Pas de la paperasserie administrative qui empêche les entrepreneurs d’avancer. Ce sont eux qui créent l’économie. Pas la finance.

Daphné Sior

Daphné Sior

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