Si le Brexit semble être un fait acquis, sa mise en œuvre demeure très incertaine. La perspective d’une sortie, le 29 mars prochain, du Royaume-Uni de l’Union européenne sans accord négocié (« no deal ») est sur toutes les lèvres. Les entreprises en seront les premières victimes. Préparez-vous !
L’UCM était conviée, le 16 janvier dernier, à une réunion d’urgence par le Premier ministre et le ministre des Finances, Alexander De Croo (Open- VLD) sur l’état inquiétant de non-préparation des entreprises en matière de formalités douanières. Un mois plus tard, c’est à une réunion d’informations organisée, cette fois, par les Affaires étrangères, que nous étions conviés.
La délégation de la Commission européenne était composée de :
- Celine Gauer, Deputy Secretary-General
- John Watson, Director Single Market and Connectivity, Secretariat-general, Directorate E
- Stefan Fuehring, TF50, Deputy Head of Unit, Management & Policy co-ordination, TF50.DDG.02 – Internal market and sectorial policies
L’objectif de cette réunion était de permettre aux représentants des entreprises belges, ainsi qu’aux administrations fédérales ou régionales concernées, de faire part de leurs inquiétudes et interrogations quant aux implications du Brexit sur leur business.
Le moins que l’on puisse dire est que nous sommes ressortis de cette réunion avec tout autant d’interrogations que de certitudes.
Personne, à ce jour, négociateurs de la Commission européenne compris, ne peut prédire l’issue des négociations avec le Royaume-Uni. Le suspens durera, selon Celine Gauer, Deputy Secretary-General auprès de la Commission européenne, jusqu’à la dernière seconde.
Seule certitude pour la Commission européenne, le businesss avec le Royaume-Uni, quel que soit l’accord qui sera conclu, sera plus difficile pour nos entreprises.
Après l’Irlande et l’Allemagne, la Belgique serait le pays de l’Union européenne le plus impacté par un « no deal ». Les entreprises seront les premières victimes du climat d’incertitude créé par le bras de fer entre l’Union européenne et le Royaume-Uni.
Selon l’Awex (Agence wallonne à l’exportation), 1.100 entreprises wallonnes seraient impactées. La perte se chiffrerait à 2,3 % du produit national brut (PNB) et à près de 40.000 emplois perdus.
#brexit #bonplan – Guide pour les #PME wallonnes https://t.co/UiN46DRqoA
— UCM (@UCMMouvement) 28 février 2019
Des questions essentielles se posent sans que l’on puisse y apporter réponse à ce jour :
- Quid des denrées alimentaires périssables retenues plus longtemps dans des démarches douanières ?
- Quid des implications des variations de taux de change entre l’Euro et la Livre sterling ?
- Quid des taxes à l’importation au Royaume-Uni des produits belges ? L’Organisation mondiale du commerce (OMC) avance, un taux de 20 % de droits de douane.
- Quid de l’impact des frais supplémentaires liés à l’adaptation des systèmes informatiques et comptables, aux charges administratives supplémentaires et à la formation de membres du personnel en douanes et accises ?
Pour la délégation de la Commission européenne, la top priorité face à l’urgence créée par la perspective d’un no deal est l’information à l’attention des PME.
Ces dernières sont sans doute moins bien informées et moins conscientes des implications du Brexit sur leurs activités. Le réveil, le 30 mars prochain, risque donc d’être douloureux.
De leur côté, les administrations, notamment douanières, devront, des deux côtés de la mer du Nord, faire preuve d’une flexibilité maximale dans la recherche de solutions pragmatiques, dans l’intérêts des entreprises.
Ne pas oublier le numéro EORI
Même si votre entreprise ne commerce pas directement avec des clients ou fournisseurs anglais, ces derniers travaillent directement avec des entreprises situées de l’autre côté de la Manche. Vous êtes donc potentiellement impactés. Il existe une série d’outils (voir ci-dessous) pour savoir comment se préparer au Brexit. .
Le ministre des Finances, Alexander De Croo, nous a demandé d’insister auprès de nos membres sur la nécessité d’un numéro EORI. On lit ces quatre initiales dans tous les articles de presse consacrés au Brexit, mais un numéro EORI, c’est quoi?
Après le 29 mars, la Grande-Bretagne ne fera plus partie de l’Union européenne. On ne parlera donc plus de livraison intra-communautaire, mais d’exportation ou d’importation.
Pour pouvoir exporter hors de l’Union européenne, la Commission européenne impose aux opérateurs économiques, traitant avec les autorités douanières, l’identification par un numéro EORI (Economic Operator Registration and Identification).
Les opérateurs économiques doivent s’enregistrer dans un seul État membre. Le numéro EORI sera reconnu par toutes les autorités douanières de l’Union européenne.
Côté pratique
- En utilisant la checklist des douanes belges, vous pouvez vérifier si votre entreprise est prête pour un Brexit dur. Si ce n’est pas le cas, vous pouvez collecter de nombreuses renseignements sur le website brexit ou appeler le 0257/55555, un numéro spécifique pour toutes les questions concernant Brexit qui est joignable de 8 à 16 h 30.
- Pour aider les entreprises à se préparer au Brexit, plusieurs outils sont également mis à leur disposition dont le Brexit impact sca, développé par le SPF Economie. Cet outil permet aux entrepreneurs d’évaluer les conséquences du Brexit.
- De son côté, l’Agence wallonne à l’exportation (Awex) a édité un guide complet et didactique à destination des entrepreneurs wallons .
L'auteur.e de cet article
- Chargée de Communication chez UCM depuis 2009 et aujourd'hui responsable de la communication politique. Je veille à mettre en lumière le travail et l'expertise des conseillers du service d'études, toujours au service des entreprises wallonnes et bruxelloises.