À l’heure où nous écrivons ces lignes, les syndicats ont quitté la table des négociations de l’accord interprofessionnel 2019-2020. Un appel à la grève a été lancé. Si nous sommes de fervents défenseurs de la paix sociale, celle-ci ne peut se faire à n’importe quel prix. Il en va de l’intérêt des entreprises mais aussi des salariés.
L’UCM, représenté par son président, Pierre-Frédéric Nyst, a l’honneur – oui, c’est un honneur – de représenter les indépendants et PME francophones au « Groupe des 10 », un des hauts lieux de la concertation sociale au niveau fédéral. C’est là que les représentants des employeurs et des travailleurs se rencontrent pour négocier des grands dossiers interprofessionnels. Comme les accords interprofessionnels (AIP), pour ne prendre qu’un exemple dans l’actualité.
Ce n’est pas un détail, cet accord interprofessionnel. Il couvre l’ensemble des salariés du privé, il assure la cohérence du monde du travail. Si les secteurs négociaient sans cadre, des fossés se creuseraient entre les conditions de travail d’une entreprise à l’autre.
En résumé, un accord interprofessionnel favorise la paix sociale.
Au minimum, il comporte en effet deux éléments très importants. Il fixe un plafond aux augmentations salariales autorisées, ce qui évite les revendications excessives. Il répartit aussi l’enveloppe bien-être réservée à la revalorisation des allocations sociales les plus basses, y compris en faveur des indépendants. C’est un montant de 353 millions d’euros pour 2019, qu’il est nécessaire d’allouer au mieux pour réduire les risques de précarité
Les négociations pour l’AIP 2019-2020 ont à peine commencé que les syndicats ont décidé de quitter la table des négociations. Avec, comme argument, le « carcan » imposé par la loi sur la norme salariale. Avec les autres représentants des employeurs – la FEB, l’Unizo et le Boerenbond – nous avons communiqué sur notre étonnement et notre incompréhension.
Étonnement et incompréhension car l’AIP précédent (2017-2018) était en effet déjà basé sur la nouvelle loi sur la norme salariale. En stoppant unilatéralement les discussions et en appelant à la grève générale, les syndicats prennent le risque – et la responsabilité – de saper notre système économique. Faute d’accord au G 10 , c’est le gouvernement qui reprend la main sur l’AIP. Gouvernement en affaires courantes… En d’autres mots, c’est pas gagné !
Malgré tout, avec la FEB, l’Unizo et le Boerenbond, nous souhaitons rester positifs et sommes toujours ouverts à la discussion avec le syndicats pour trouver des solutions. Mais pas au détriment de la compétitivité de nos entreprises. Et ce n’est pas opposé aux objectifs poursuivis par les syndicats car les exemples passés sont là pour le prouver : toute détérioration de la compétitivité des entreprises a pour effet des pertes d’emplois. Ce qui n’améliore pas le pouvoir d’achat des travailleurs. CQFD.
Nous le répétons donc : si les syndicats donnent un signal indiquant qu’ils souhaitent revenir autour de la table, les employeurs sont ouverts à une reprise des négociations.