Pour la prochaine législature régionale, l’UCM demande la création d’un package financier pour l’indépendant wallon ou bruxellois qui engage son premier salarié. Explications.
De starter à primo-employeur, le saut n’est pas évident. Suivant la dernière enquête sur les jeunes entrepreneurs-starters de l’UCM, c’est-à-dire ceux qui ont créé leur entreprise depuis moins de 5 ans, il apparaît que deux starters francophones sur 3 (67,42 %) travaillent seuls et n’ont pas fait le saut du statut d’entrepreneur à celui d’employeur. Mais la moitié (51,12 %) est en réflexion pour croître et créer au moins un emploi ! Ce n’est pas rien.
Un effet de frein majeur pour qu’un entrepreneur crée son premier emploi est bien évidemment le coût de cette première embauche… dans sa globalité ! Parce qu’au-delà du coût salarial en lui-même, qui peut parfois être réduit dans le temps au travers d’une réduction de charges patronales au niveau fédéral ou dans le cadre d’un plan d’embauche spécifique au niveau des Régions (Activa, Impulsion, Sesam, etc.), il y a des frais fixes et indirects enclenchés dès l’engagement de ce premier travailleur.
Et ils sont nombreux ! Il y a par exemple la confection du premier poste de travail dans l’entreprise, mais aussi ceux liés au déferlement de toutes les obligations de la législation sociale qui accompagnent l’arrivée d’un travailleur (la prise d’assurances RC et accident du travail, l’affiliation à une médecine du travail pour la prévention et protection sur le lieu de travail, l’ouverture d’un numéro d’employeur à l’ONSS, l’assistance juridique pour créer le règlement de travail obligatoire et la gestion administrative, etc.).
Ces frais indirects et fixes peuvent avoir un effet dissuasif non-négligeable et dépassent le simple cadre de la réduction sur le coût du travail en tant que tel.
Un package financier « primo-employeur », ça se passe – aussi – au niveau régional
La nécessité d’inciter les entrepreneurs et starters à croître et à franchir le cap pour embaucher leur premier salarié est évidemment essentielle, tant d’un point de vue économique qu’en termes de créations d’emplois. Et c’est là que les Régions ont un rôle à jouer pour inciter à la création de ce premier job, et ce en marge du dispositif fédéral « premier engagement » qui réduit les charges patronales sur le salaire du premier salarié.
L’UCM demande la création d’un package financier primo-employeur au niveau régional, via la mise en place d’une prime automatique d’au moins 1.000 € pour l’entrepreneur wallon ou bruxellois qui engage son premier travailleur. ET qui rentre dans les conditions de la mesure fédérale de réduction de cotisations patronales « premier engagement ». Cela amènerait une pleine cohérence et complémentarité entre dispositifs fédéraux et régionaux.
Il s’agirait d’une prime automatique. C’est-à-dire sans formalités. Aucune. Comment ? Simplement en vérifiant si l’employeur rentre dans les conditions et bénéficie de la mesure fédérale ONSS sur la première embauche. L’information est disponible et peut être automatisée administrativement.
Le budget d’une telle mesure serait contenu, s’agissant d’une prime unique pour les primo-employeurs. Suivant les chiffres fédéraux, on parle d’un budget annuel avoisinant les 6 millions d’euros en Wallonie, 3 millions d’euros à Bruxelles.
L'auteur.e de cet article
- Conseiller au service d'études et spécialisé dans les matières sociales (emploi, formation et droit du travail), je défends les intérêts des entrepreneurs et PME dans ces domaines.