Le Gouvernement et les partenaires sociaux ont décidé de prendre à bras le corps la problématique du burnout, le nouveau mal du siècle. Les salariés ET indépendants sont touchés.
Plus encore que le mal de dos et autres troubles « locomoteurs » ce sont les troubles psychologiques qui, aujourd’hui, sont la cause majeure des arrêts de travail de longue durée. Fin 2016, salariés et indépendants confondus, 135.000 invalides indemnisés ressortent de la catégorie « troubles psychiques » dans les statistiques de l’Inami (Institut national d’assurance maladie-invalidité). C’est dans cette catégorie que l’on retrouve les dépressions et les burnouts.
C’est la première cause d’arrêt-maladie chez les salariés (35,4 % des travailleurs invalides), la deuxième chez les indépendants (22,1 %).
On sait, depuis l’étude menée par UCM en 2015 que, chez les indépendants, les facteurs de risques tels que la surcharge permanente de travail (65 %), l’isolement (51 %) ou le travail du dimanche (45 %) sont bien présents, mais que les indépendants tardent à prendre les mesures utiles dont l’arrêt-maladie.
Les partenaires sociaux, dans le dernier « accord interprofessionnel » salarié (février 2017), ont mis sur pied une approche basée sur ce qui se passe concrètement dans les entreprises : des actions sont mises en œuvre pour éviter que les travailleurs aient à subir les affres du burnout. C’est ce qu’on appelle la prévention primaire, celle qui consiste à éviter que le burnout survienne.
Ils lanceront, cet été, en collaboration avec le SPF emploi, un vaste appel à projets permettant de récolter les approches innovantes que les entreprises veulent mettre en avant. Ces dernières pourront surtout obtenir un soutien financier (jusqu’à 8.000 € par entreprise) pour approfondir leur expérimentation et en faire ainsi bénéficier l’ensemble des entreprises
Pour l’UCM, le plus important est que les PME francophones ne soient pas oubliées parmi les bénéficiaires de cette aide bienvenue à la mise en place de solution préventives au burnout. Il est également indispensable que leurs spécificités soient prises en compte au moment d’analyser les pratiques des uns et des autres.
Du côté du gouvernement, c’est Maggie De Block (OpenVLD) qui a lancé une étude en janvier 2018. Son approche est beaucoup plus large : elle vise tous les risques psychosociaux.
De plus, son étude porte sur toutes les formes de prévention : empêcher que le burnout survienne, mais aussi combattre le burnout quand il se présente. Ce deuxième axe s’appuiera certainement sur la nouvelle politique annoncée très récemment qui vise à rembourser les consultations chez le psychologue dans le cadre de certains trajets de soins multidisciplinaires.
Même si l’on peut regretter que la ministre n’ait pas jugé utile de coordonner ses travaux avec ceux des partenaires sociaux (qui ont un an d’avance), nous sommes favorables à toutes les mesures qui visent à soutenir les employeurs et les indépendants qui déploient dans leur entreprise des actions de prévention du burnout.
Le Comité de gestion du statut des indépendants vient d’être interpellé par le ministre des Indépendants, Denis Ducarme (MR), en vue de l’élaboration – sur ce thème du burnout, d’un catalogue de mesures en faveur des indépendants. L’UCM participera activement aux travaux du Comité dont le rapport est attendu d’ici l’été.
Agir sur le terrain du « return to work »
Cela démontre encore une fois que les problèmes et maladies liés au stress et à la charge émotionnelle dans l’entreprise font l’objet d’une attention très forte de tous les acteurs.
Pour l’UCM, l’amélioration de la situation pour les intéressés doit effectivement se faire par une meilleure prévention et un meilleur suivi, non par une approche basée sur l’écartement. Le projet de « compte pénibilité » du ministre des Pensions serait à cet égard un bien mauvais signal s’il s’agissait de comptabiliser les années de travail accomplies « sous stress ».
Par ailleurs, les dispositifs visant la réintégration ne doivent pas constituer une charge supplémentaire pour les PME. Il est fondamental que les PME gardent la maîtrise des coûts engendrés par les tâches qui reviennent aux services externes de prévention et protection et travail.