Le ministre de l’Emploi souhaite lutter contre le burnout. Intention très louable ! En créant un « droit à la déconnexion »… Qu’en penser ?
Un hypothétique « doit à la déconnexion » recouvre deux éléments.
Pour le travailleur, il faut des moments durant lesquels il ne doit pas répondre au GSM, mails…Côté employeur, c’est garantir que le travailleur ne pourra pas accéder au réseau de son entreprise en dehors de certaines périodes.
Juridiquement, il est évident que le travailleur ne doit pas être en permanence au travail. Il serait d’ailleurs parfaitement contre-productif pour l’employeur d’espérer compter sur son travailleur à n’importe quel moment.
La réglementation sur le temps de travail limite donc DÉJÀ les moments durant lesquels le travailleur est soumis à l’autorité de son employeur.
Durée maximale de la journée de travail, de la semaine de travail, temps des pauses, interruption minimale entre deux prestations, périodes de vacances…font l’objet de règles précises. Autrement dit, une nouvelle réglementation sur un « droit à la déconnexion » serait totalement superflue à cet égard.
D’autre part, pourquoi imposer aux employeurs de mettre en place des mesures pour empêcher l’accès des travailleurs son réseau ? Est-il vraiment apaisant pour le travailleur de se voir interdire de préparer ou d’achever une tâche dès lors qu’il n’est pas « à la seconde près » entre telle et telle heure ? Ensuite, de nombreuses entreprises seraient contraintes de réaliser des investissements coûteux pour mettre en place ces barrières, voire se verraient interdire d’utiliser des voies d’accès mises en place dans l’intérêt de leurs travailleurs.
Pour nous, UCM, ce n’est pas en interdisant l’accès au bureau (même virtuel) que l’on protège le travailleur contre le burnout. L’évolution du monde du travail vers des modes plus flexibles d’organisation du travail (en termes de temps et de lieu) ne relèvent pas d’une mauvaise organisation du travail mais au contraire d’une trajectoire positive qui permet de mieux conjuguer vie privée et vie professionnelle.
L’UCM ne peut accepter que des investissements coûteux soient imposés aux entreprises pour garantir une situation qui dépend avant tout du comportement du travailleur. Ainsi, selon une étude de la british psychological association, ce n’est pas le nombre de messages qui augmente le stress mais la manière dont le travailleur gère sa boite mails.
L’UCM rappelle que si le travailleur n’est pas soumis à la volonté de son employeur en dehors de son temps de travail, durant les heures de travail le lien de subordination est indiscutable. En ce sens, durant sa journée de travail, le travailleur n’a pas à traiter de questions qui relèvent de sa vie personnelle, à moins qu’il y soit expressément autorisé par son employeur. Il convient donc de mettre l’éventuel droit à la déconnexion (hors temps de travail) en balance avec l’obligation de connexion exclusive (durant le temps de travail)
Et de rappeler enfin que le travail n’est qu’UN DES éléments qui peuvent entrer en ligne de compte parmi les causes du burnout.