De plus en plus de voix s’élèvent pour relayer les craintes de lendemains difficiles pour les travailleurs du fait de la digitalisation, la numérisation, l’automatisation et/ou la robotisation.
Du temps pour appréhender les changements
Plusieurs études en l’Europe et aux Etats-Unis sont venues relancer le débat en essayant d’estimer les risques d’automatisation de l’emploi. Des bouleversements sont attendus dans le mode actuel de fonctionnement des relations de travail. Néanmoins,ces derniers prendront du temps à se mettre en place. De plus, ces changements seront accompagnés de progrès économiques et sociaux importants et d’avantages pour la société.
L’adoption et l’intégration d’une nouvelle technologie n’est pas instantanée. La mise en place des ces nouveaux processus prend du temps et se heurte en général aux obstacles économiques, légaux et sociaux. Le temps est notamment fonction des investissements pour développer, acquérir et implémenter des innovations. Ces dernières doivent s’inscrire dans un cadre social et légal rigide et très souvent hostile au changement.
Une complémentarité homme-machine
La complémentarité entre l’homme et les machines dans l’exécution des tâches est un atout en termes de pénibilité, de productivité et de maintien de l’emploi. En effet, la parfaite substituabilité du capital au travail au sein d’une économie est une hypothèse irréaliste. De plus, les idées relatives aux risques élevés d’automatisation (et de remplacement) de l’emploi sont fondées sur l’automatisation des professions. Les machines automatiques et robots sont cependant, le plus souvent, affectés à des tâches spécifiques et répétitives. La combinaison Homme-Machine dans des proportions optimales restera la plus efficace…
L’évolution induite par la digitalisation, la robotisation et/ou la numérisation est source de création de richesses et de nouveaux emploi. L’apparition de nouvelles technologies créera des besoins en biens et services nouveaux à produire pour lesquels tant des bras que des machines seront nécessaires. De nouveaux profils apparaîtront, notamment dans la conception, création, la production, l’utilisation et la maintenance des machines, des appareils automatiques et des robots.
Pour illustrer notre argument, les Comptes Nationaux (BNB et Institut des Comptes Nationaux) renseignent qu’en 1995, l’agriculture employait 2,3% de l’ensemble des travailleurs en Belgique, alors que la branche « activités informatique et services d’information » comptait en son sein 0,5% des travailleurs. En 2015, soit 20 années plus tard, le secteur agricole représente 1,3% de l’emploi, et celui de l’informatique et des services de communication (1,4%). On peut également remarquer que l’emploi a diminué dans l’industrie, mais a fortement progressé dans les services. On a donc une augmentation et un déplacement de l’emploi, plutôt qu’une destruction pure et simple.
Un ajustement du cadre légal nécessaire… notamment pour les PME
Il est vrai que certains emplois, notamment ceux ayant une forte proportion de tâches répétitives, pourraient être réduits. Mais, la demande de nouveaux biens et services en lien avec la digitalisation pourrait compenser cette réduction. Le véritable défi pour notre société sera double : d’une part, ajuster ses structures et son cadre légal (Administration, statut social,…) pour les adapter aux évolutions auxquelles nous faisons déjà face. De plus, la formation et la remise à niveau du capital humain est indispensable pour éviter que les craintes (déjà présentes) de destruction massive des emplois se manifestent lorsque la digitalisation, la robotisation et/ou la numérisation auront atteint leur vitesse de croisière. D’autre part, permettre aux PME de prendre ce train de la digitalisation de manière à rester concurrentielles. L’UCM y veille.
L'auteur.e de cet article
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Charlie Wesley TCHINDA TAMETSA
Statisticien – Coordinateur des Etudes
UCM National - Service d'Etudes
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